Jacques Delille, né près d’Aigue-Perse, en Auvergne, d’une naissance clandestine, au mois de juin 1738, fut baptisé à Clermont et reconnu sur les fonts par M. Montanier, avocat, qui mourut peu après, en lui laissant une petite rente. La mère de Delille, à laquelle ce fruit d’un amour caché dut être enlevé en naissant, était une personne de condition, de la descendance du chancelier L’Hôpital. Il ne paraît pas pourtant que l’enfance du poète ait été assiégée de trop pénibles images, et quand il eut à chanter plus tard ses premiers souvenirs, il n’en trouvait que de riants :
Ô champs de la Limagne, ô fortuné séjour !
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Voici l’arbre témoin de mes amusements ;
C’est ici que Zéphyr, de sa jalouse haleine,
Effaçait mes palais dessinés sur l’arène ;
C’est là que le caillou, lancé dans le ruisseau,
Glissait, sautait, glissait et sautait de nouveau :
Un rien m’intéressait. Mais avec quelle ivresse
J’embrassais, je baignais de larmes de tendresse
Le vieillard qui jadis guida mes pas tremblants,
La femme dont le lait nourrit mes premiers ans,
Et le sage pasteur qui forma mon enfance !
De cette école du presbytère, le jeune Delille fut envoyé à Paris, et vint faire ses études au collége de Lisieux, où on le