énergie et sa franchise. La nature humaine est plutôt masquée que changée. Prenez Roméo, prenez-le au début de l’admirable drame : il s’était cru jusque-là amoureux sans l’être, il était mélancolique à en mourir ; il s’en allait vague et rêveur, en se disant épris de quelque Rosalinde. Tout cela n’est que nuage. Il entre au bal chez les Capulets, il voit Juliette :« Quelle est cette dame, demande-t-il aussitôt, qui est comme un bijou à la main de ce cavalier ?… Oh ! elle apprendrait aux flambeaux eux-mêmes à luire brillamment ! Sa beauté pend sur la joue de la nuit comme un riche joyau à l’oreille d’une Éthiopienne !… La danse finie, j’observerai la place où elle se tient, et je ferai ma rude main bien heureuse en touchant la sienne. Mon cœur a-t-il aimé jusqu’ici ? Jurez que non, mes yeux ! car je ne vis jamais jusqu’à cette nuit la beauté véritable. » Et à travers les Capulets qui l’ont reconnu, il va droit à Juliette ; il lui demande sa main à baiser, en bon pèlerin, puis ses lèvres tout d’emblée : ce gentil pèlerin ne marchande pas. – Et Juliette, dès qu’il s’est éloigné, que dit-elle ? « Viens ici, nourrice. Quel est ce gentilhomme ? » – « Je ne le connais pas. » – « Va, demande son nom ; s’il est marié, ma tombe pourra bien être mon lit nuptial ! » Pour elle tout comme pour Simétha, on va le voir, le coup de foudre ne fait pas long feu. Osons donc revenir à l’antique par Roméo.
« Maintenant que je suis seule, poursuit Simétha, par où viendrai-je à pleurer mon amour ? par où commencerai-je ? Qui est-ce qui m’a apporté un tel mal ? Pour mon malheur, la fille d’Eubule, Anaxo, alla comme canéphore dans le bois de Diane : autour d’elle marchaient en pompe toutes sortes de bêtes sauvages, parmi lesquelles une lionne.
« Écoute mon amour, d’où il m’est venu, auguste Diane !
« Et Theucharile, la nourrice de Thrace, maintenant défunte, qui logeait à ma porte, souhaita de voir cette