L’ABBÉ PREVOST
ET LES BÉNÉDICTINS[1]
La vie de l’abbé Prevost fut, on le sait, romanesque comme ses écrits. Entré adolescent chez les Jésuites, il en sortit pour être soldat ; puis il y rentra comme novice, pour en sortir encore ; il revint aux armes, il les quitta de nouveau, et parut vouloir faire une fin, en prenant l’habit de bénédictin en 1724. Malgré tant d’aventures, il n’avait pas vingt-cinq ans, et sa jeunesse commençait à peine. Durant les sept années qu’il passa dans la docte Congrégation de Saint-Maur, il dissimula de son mieux, il fit effort sur lui-même ; mais la nature l’emporta, et il rompit ses liens par une fuite éclatante en 1728. C’est à cette époque de son séjour dans l’Ordre et de sa sortie que se rapportent quelques pièces qu’il nous a été permis de recueillir. Elles se trouvent aux manuscrits de la Bibliothèque du Roi dans les paquets de dom Grenier (n° 5 du 15e paquet) ; elles nous ont été signalées par un investigateur instruit, M. Damiens, et nous devons à MM. les conservateurs de la Bibliothèque l’autorisation de les publier.
Lorsque Prevost se décida à sortir de la Congrégation de Saint-Maur, il ne songeait d’abord qu’à se retirer à Cluny,
- ↑ Cet article complète à quelques égards celui que nous avons déjà donné sur l’abbé Prevost, et qui se trouve au tome I des Portraits littéraires. – On est encore revenu sur lui au tome IX des Causeries du Lundi.