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Page:Sainte-Beuve - Tableau de la poésie française au XVIe siècle, éd. Troubat, t1.djvu/101

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sormais. Quelque pudeur naîtra peut-être avec l’âge, une pudeur acquise ; mais la familiarité, la malice, et le penchant au badinage, reviendront toujours par instants, j’en réponds par Clément Marot et Jean La Fontaine. La dignité, la noblesse de ton, aura son tour ; mais la vieille gaîté française aura ses rechutes. Le sentiment n’étouffera pas la moquerie. Nous rencontrerons l’auteur du Mondain dans l’auteur de Zaïre, et, si de Villon à Voltaire* il y a loin à tous égards, le seul trait qu’ils auront de commun n’en sera que plus saillant; le fonds original de la poésie française n’en ressortira que mieux. Villon est l’aïeul d’une nom-

1. Malgré toute la disproportion, et, pour ainsi dire, Véirangetê de ce rapprochement, je le crois trèj-fondé. Sans revenir sur la comparaison du Mondain avec les Conlredicts de Franc Gonlier, il y a dans la pet te pièce de Voltaire intitulée la Bastille, qu’il composa sous les verrous, des idées et des vers presque semblables à des vers et diS idées de Villon sur sa prison, d’à Heurs un peu mieux méritée. Le dépit de Villon s’exhale surtout contre un certain Thibault d’Aussigny, dont on a voulu faire un juge de Melun, mais qui paraît avoir été certainement un évêque d’Orléans et l’auteur de l’emprisonnement du poète ; il lui reproche amèrement l’eau froide à laquelle il a été réduit tout un été,

Dieu, mercy et Jacques Thibault
Qui tant d’eau froide m’afaict hoiie.

Et il ajoute :

Quant j’en ay mémoire.
Je pry pour luy (et reliquat)