Page:Sainte-Beuve - Tableau de la poésie française au XVIe siècle, éd. Troubat, t1.djvu/102

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breuse famille littéraire dont on reconnaît encore, après des siècles, la postérité à une certaine physionomie gauloise et française. Cette extraction, moins que bourgeoise, n’a rien qui doive faire rougir ; elle a depuis été couverte d’assez de gloire. Tel d’ailleurs qui, pour avoir dressé un guet-apens au xv" siècle, fut logé au Chàtelet et rima sur Montfaucon, aurait bien pu, en des jours plus polis, mériter tout simplement par quelque couplet les honneurs d’un logement royal, et rimer sur la Bastille ou Sainte-Pélagie.

Que Dieu luy doint [et voire voire) Ce que je pense, et calera. Et ailleurs : Tel luy soit Dieu qu’il m’a esté ! Ce ton ne rappelle-t-il pas Voltaire, s’en prenant à MarcRené, d’avoir si longtemps bu chaud et mangé froidl L’exclamation n’est-elle pas la même? Que quelque jour le hou Dieu vous le rende! Dans une épître de Chaulieu à Voltaire, le bon abbé apostrophe le jeune poëte en ces termes : Pour vous, successeur de Villon, Dont la muse toujours aimable, etc. Et Chaulieu disait vrai, quoique Voltaire n’eût peut-être jamais lu Villon.

2. Voir sur Villon un article de M. Daunou (^Journal des savants, septembre 1832), qui fixe et résume très au complet l’état des documents et des discussions à son sujet.