Aller au contenu

Page:Sainte-Palaye - Projet d'un glossaire françois, 1756.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(3)

De combien de Chartres, Chroniques, de Titres de toute espèce, nos laborieux Compilateurs n’ont-ils pas enrichi le Public ? Le savant Ouvrage du P. Mabillon si bien continué, si judicieusement augmenté par de nouveaux Ecrivains ; celui de Du Cange étendu, perfectionné dans la nouvelle édition qui attend encore un riche supplément, nous facilitent la lecture et l’intelligence de tant de précieux monuments. Rendons-en graces à leurs Auteurs ; mais osons le dire : ces secours seront toujours insuffisants, tant que nous n’aurons point l’ouvrage par lequel il aurait fallu commencer.

Budé et les autres Restaurateurs des Lettres comprirent qu’il ne suffisoit pas de multiplier par l’impression, et de répandre par-tout le texte des Ecrivains de la Grèce et de Rome, si l’on n’en donnoit aussi la clef, c’est-à-dire, des Dictionnaires exacts. Nos Littérateurs François n’ont point profité de cet exemple.

Au bout de 200 ans de travaux, malgré les vœux réitérés d’une multitude de Savants, et les instances de M. Falconet dans un Mémoire curieux qu’il lut en 1727 dans une assemblée publique de l’Académie, nous sommes encore à désirer un Glossaire François, qui nous fasse entendre la langue de nos anciens Auteurs. Nous avons, à la vérité, sur quelques-uns d’eux, des Glossaires particuliers, tels que celui de Loisel sur les Poésies d’Elinand, et quelques autres ; mais personne n’a, jusqu’à ce jour, embrassé l’objet dans toute son étendue.

En se bornant à répéter sans cesse des explications inutiles, souvent fausses ou hasardées du même mot, on a négligé d’en expliquer beaucoup d’autres qui arrêtent encore les lecteurs : on s’est dispensé d’assigner aux mots déja connus toutes les acceptions dans lesquelles ils ont été employés. Deux raisons peuvent avoir détourné de ce travail : d’une part, l’inutilité prétendue, à n’en juger qu’à la première inspection ; de l’autre, l’immensité des lectures en tout genre qu’exigeoit cette entreprise. Qu’avons-nous besoin, disent les uns, d’un Glossaire François ? tant d’hommes profonds dans notre His-


A ij