Page:Salles - Les Amours de Pierre et de Léa, 1869.djvu/241

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Quand le souffle d'hiver attristant la campagne
Fait émigrer au loin les joyeux martinets,
Quand le givre qui perle aux gousses des genets
Diamante les flancs pelés de la montagne,

Les longs soirs, j'aime auprès de ma chère compagne,
Devant l'âtre flambant, mes pieds sur les chenets,
Lentement à sculpter d'érotiques sonnets ;
J'aime encore à bâtir des châteaux en Espagne.

A mes yeux éblouis alors s'ouvre le ciel,
Je crois boire l'ivresse à des coupes de miel,
Et comprendre des fleurs la langue enchanteresse ;

Et je m'envolerais, si pour se reposer,
Sautant sur mes genoux, ma folâtre maîtresse
Ne m'offrait en riant ses lèvres à baiser.