priſe autant la mort que la vie, attendu qu’on ne parle non plus de l’vn que de l’autre.
Et de verité celuy-là ſeulement me ſemble viure, & iouyr de ſon ame, qui s’addõnant à quelque vaccation cherche à s’acquerir de la gloire par le moyen d’vn acte excellent, ou d’vn art proffitable. Or [1] en vne ſi grande diuerſité la nature met celuy-là dans vn chemin, & à ceſtuy-cy elle en monſtre vn autre. C’eſt vne belle choſe que de faire du bien au Public ; mais ce n’eſt point impertinence que de Bien dire. C’eſt touſiours vne voye à [2] l’honneur, ſoit en temps de paix, ou de guerre. Auſſi pluſieurs grands hommes ſont loüez ; les vns pour auoir Bien-faict, & les autres pour auoir Bien eſcrit les faicts d’autruy.
Mais, bien qu’vne meſme gloire qu’on donne à l’homme qui a faict quelque acte excellent, ne ſuiue celuy qui l’eſcrit ; i’eſtime pourtant qu’il eſt grandement difficile de bien eſcrire les choſes paſſes. Premierement, à cauſe qu’il faut que les dicts ſoient conformes aux faicts : & d’ailleurs, parce que ſi tu reprends les vices & les fautes d’autruy, la plus part des hommes penſe ce ſoit par haine, ou bien par enuie. Que ſi tu