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Page:Sallust - Traduction de Jean Baudoin, 1616.djvu/226

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ſances du monde ioinctes enſemble, ne peuuent eſbranler ny deſtruire ce grand Empire. De ſorte qu’il vous y faut eſtablir les biens qui accompagnent la concorde, & en chaſſer ceux qui ſuiuent la diuiſion.

Telle choſe aduiendra, ſi vous aboliſſez la licence du luxe & des pilleries. Pour faire que cela ſoit il n’eſt pas beſoin de nous renuoyer aux anciens decrets, qui ne ſeruent aujourd’huy que de mocquerie pour la corruption du temps preſent, mais bien d’ordonner l’eſtat des maiſons à l’eſgal de leurs moyens, & de limiter les deſpenſes. Car c’eſt vne choſe aſſez ordinaire aux ieunes hommes, & qui meſme luy ſemble belle, de conſumer leurs richeſſes & celles d’autruy ; de contenter en toutes façons leurs apetits dereglés, & la concupiſcece des autres ; de tourner -tels actes infames à vertu, & à grandeur de courage, & d’appel- ler lafcheté la honte & la modeftie. D’où s’enfuit qu’vn coura- ge altier & audacieux, ayant defià commencé de marcher dans vn fi mauuais chemin, fe porte, tout embrazé de courroux, ores contre fes alliez, & maintenant à la ruyne de fes Citoyens. Il trouble les chofes paifibles, & des vieilles il en acquiert de nou- uelles. Et pourtant affin qu’vn chafcun de nous puiffe mieux pourueoir à fes affaires, il ne faut point fouffrir d’vfurier à l’adue- nir. C’eſt la vraye voye & le feul moyen d’exercer vn office au proffit du peuple, pluftoft que d’vn creancier. D’ailleurs, c’eſt tefmoigner vne grandeur de courage, que d’accroiftre le bien de la Republique, & non pas l’amoindrir. le fçay combien difficile femblera d’abord telle chofe, princi- palement à ceux qui par la victoire ſe promettoient plus de li- berté que de feruitude. Tellement que fi vous pouruoyez à leur falut pluftoft qu’à leur conuoitife, vous eſtablirez vne ferme paix entre-eux, parmy nous, & fur tous nos alliez. Mais fi vous fouffrez à la ieuneffe de viure toufiours dans fes desbauches ac- couſtumees, ne doutez point que voſtre excellente reputation ne s’abbatte bien-toft auec la ville de Rome.’ En fin vous deuez croire que les Sages ne font la guerre que pour auoir la paix, & que l’efperance de fe mettre en repos leur faict endurer les trauaux. Si vous ne rendez ferme ceſte paix, il euft autant valu demeurer vaincu que victorieux. C’eſt pour- quoy ie vous prie par les Dieux immortels de prendre le ſoing de la Republique, & de paffer à trauers toutes difficultez, come vous auez de couſtume. Vous y pouuez mettre remede, ou bien Digitized by Google