Page:Salluste, Dotteville - Traduction de Salluste.djvu/150

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que rien ne retardoit dans sa suite.

LVIII

Ainsi Catilina, qui se vit entouré d’ennemis & de montagnes, sans ressource du côté de Rome, où ses projets étoient échoués, sans espérance d’échapper ni d’être secouru, jugea que le meilleur parti étoit de tenter le hasard d’un combat, & résolut d’en venir aux mains avec Antoine. Ayant donc assemblé son armée, il parla en ces termes [1] :

« Soldats, je sais que des paroles ne sont pas capables d’inspirer du courage. Jamais un Général, par ses discours, ne pourra rendre active & intrépide une armée

  1. Si ce discours étoit en effet de Catilina, il justifieroit ce que Salluste en a dit, que c’étoit un homme éloquent. Les jeunes gens qui ont dessein de se former à la véritable Eloquence, ne peuvent trop réfléchir sur les discours dont notre Auteur a orné son Histoire ; ils n’y trouveront ni antitheses affectées, ni sentences énigmatiques ou placées hors de propos, ni amplifications superflues, ni divisions puérilement symmétrisées ; mais ils verront par-tout le vrai présenté avec énergie dans son jour le plus favorable, & le sentiment le plus pathétique exprimé de maniere à allumer dans le cœur de l’Auditeur le feu dont est animé celui qui parle.