Page:Salluste, Dotteville - Traduction de Salluste.djvu/165

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d’armées, & toute administration publique ; on ne les donne plus au mérite ; & ceux qui y parviennent par des voies illégitimes, n’en sont ni plus en sûreté ni plus en honneur. Il est toujours odieux[1] [dût-on réussir, & réprimer les abus] d’employer la violence pour gouverner sa Patrie ou ses Sujets[2]. Tout changement dans le Gouvernement entraîne d’ailleurs après soi l’exil, le carnage & les autres malheurs de la guerre. Quant à ce qui est de se donner bien des mouvements sans succès, & de ne recueillir pour tout

  1. Cet endroit est un peu obscur, & je soupçonne que Salluste, voulant faire allusion à la Dictature perpétuelle de César, s’est enveloppé à dessein.
  2. Le mot parentes (venant de parere, obéir) signifie ici les sujets, & non les parents. Il n’est pas question de gouvernement de famille dans cet endroit ; nous l’avons vu plus haut, & nous l’aurons plus bas, encore dans le même sens ; nam parentes abundè habemus ; par rapport à la République, parentes étoient les Peuples qui lui étoient assujettis. César avoit d’abord eu dessein de se faire Roi de Rome, vi regere Patriam ; ensuite, voyant trop de difficulté dans ce projet, il s’étoit retranché à demander qu’on le déclarât Roi hors de l’Italie ; regere parentes. On devoit en traiter dans le Sénat le jour qu’il fut assassiné. « Décius Brutus . . . lui dit . . . que les Sénateurs s’étoient ce jour-là assemblés à son mandement, & qu’ils étoient tous prêts à le déclarer par leurs voix Roi de toutes les Provinces de l’Empire Romain, hors l’Italie, en lui permettant de porter à l’entour de sa tête le bandeau Royal, par tout ailleurs, tant sur terre que sur mer. » (Plutarque, Vie de César, traduit par Amyot.)