Page:Salluste, Dotteville - Traduction de Salluste.djvu/235

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Je vous exhorte donc à ne pas laisser impuni un si grand attentat. Il ne s’agit point ici de péculat ni de concussion ; ces crimes, quoique grands, sont devenus si communs, qu’on les compte pour rien. C’est l’autorité du Sénat, c’est la majesté de votre Empire qu’on a prostituées à un ennemi très-entreprenant. On a vendu la République dans Rome & dans notre camp. Si on n’en recherche pas les coupables, si on ne les punit pas, que nous reste-t-il, que de vivre asservis à leur tyrannie ? Car faire impunément tout ce qu’on veut, c’est être Tyran[1]. Je ne prétends pas, au reste, vous exhorter à mieux aimer trouver vos Citoyens criminels, qu’innocents ; mais n’allez pas, pour épargner des méchants, perdre les gens de bien. Il est moins dangereux dans un Etat de laisser les services sans récompense, que les crimes sans punition. La Vertu mal récompensée en est un peu moins active ; la Méchanceté

  1. J’ai rendu Regem par Tyran, pour faire passer dans le françois l’idée odieuse que le mot Rex excite dans l’esprit d’un Républicain.