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Page:Salluste, Dotteville - Traduction de Salluste.djvu/38

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quel point il savoit supporter la faim, le froid & les veilles, sans être taxé d’exagération. Il étoit audacieux, fourbe, rusé, capable de tout feindre & de tout dissimuler, avide du bien d’autrui, prodigue du sien, violent dans ses passions [1], assez éloquent & peu judicieux. Son génie vaste [2] lui suggéroit sans cesse des projets peu vraisemblables, sans bornes, & audessus de ses forces. Depuis l’abdication de Sylla, il brûloit du desir de se rendre maître de la République ; il s’embarrassoit peu de la nature des moyens qu’il y emploieroit, pourvu qu’il vînt à bout de commander. Ses dettes & ses crimes qui s’accumuloient de jour en

  1. J’avois mis, emporté dans ses desirs. J’ai changé pour complaire à M. Fréron. Je voudrois pouvoir le satisfaire également sur le reste.
  2. Le cœur desire, & le esprit lui présente des plans à exécuter. J’ai cru que l’une & l’autre étoient suffisamment rendus ; quoiqu’en effet, (comme l’ont fort bien remarqué les Journalistes de Trévoux) cupire s’entende des desirs du cœur. [Voyez le Journal de Trévoux, de Mai 1749, second Vol. pag. 968. Comme ce n’est que ce volume que je citerai dorénavant, je me contenterai d’en indiquer la page.]