digne de vous & de moi, je me ferai un plaisit de vous l’accorder ».
CVIII Sylla répondit modestement & en peu de mots, sur ce qui le regardoit ; mais il s’étendit fort au long sur la cause commune. Il fit entendre au Roi, que s’il vouloit que les Romains pussent lui avoir quelqu’obligation, il ne suffisoit pas qu’il se désistât d’une guerre qui tournoit toute à son désavantage ; qu’il falloit encore qu’il fît quelque chose à l’avantage de Rome ; qu’il le pouvoit aisément, puisqu’il avoit Jugurtha en sa puissance ; que s’il le livroit, Rome, reconnoissante d’un si grand bienfait, lui accorderoit d’elle-même son amitié, son alliance & la partie de la Numidie à laquelle il prétendoit. D’abord le Roi refusa : il objectoit sa parenté, son alliance, ses traités avec le Roi de Numidie ; la crainte que cette infidélité ne soulevât ses Peuples ; leur amour pour Jugurtha ; leur haine des Romains. Ensuite, fatigué des instances de Sylla, il parut plus traitable, & promit de faire