Page:Salluste, Dotteville - Traduction de Salluste.djvu/83

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toujours des mêmes projets. Enfin, pour mieux dissimuler, il vint dans le Sénat, comme s’il eût voulu s’y disculper sur des accusations qui n’auroient pas eu le moindre fondement. Alors le Consul craignant sa présence, ou transporté d’indignation, prononça un excellent discours, qui fut utile à l’Etat [1], & qu’il a depuis rendu public. Quand il eut fini, Catilina, préparé à la plus profonde dissimulation, baissant modestement les yeux, conjura le Sénat d’une voix suppliante, de ne pas recevoir facilement de fâcheuses impressions contre lui : Sa naissance, la vie qu’il avoit toujours menée, lui donnoient, disoit-il, de justes espérances [2] de parvenir à

  1. Le médiocrité de cet éloge seroit assez propre à confirmer l’idée de ceux qui pensent que Salluste étoit brouillé avec Ciceron, dans le temps qu’il écrivoit cette Histoire. Cependant je crois que sa haine contre ce grand Homme se seroit décelée par quelque trait plus sensible ; la sagesse avec laquelle il le représente agissant dans toute la suite d’une affaire aussi épineuse, équivant, à mon gré, à tous les éloges qu’il auroit pu lui donner.
  2. J’entends ceci dans le même sens qu’il est dit ailleurs, neque spes bona ulla—qui n’avoient aucune espérance fondée sur des moyens légitimes. Peut-être pourroit-on aussi traduire, que la vie qu’il avoit menée jusqu’alors, ne devoit faire présumer de lui rien que d’avantageux.