Page:Salluste, Dotteville - Traduction de Salluste.djvu/84

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tout, en n’usant que de voies légitimes. Quelle apparence qu’un Patricien, qui, marchant sur les traces de ses Ancêtres, avoit, comme eux, rendu de très-grands services à la République, eût intérêt de la renverser, tandis qu’un Ciceron, Citoyen de Rome par emprunt [1], en seroit le Conservateur ? Il ajoutoit d’autres invectives, lorsque les Sénateurs, l’interrompant, lui donnerent le nom de Parricide, & d’ennemi de l’Etat. Alors, transporté de fureur : Puisque mes ennemis me poussent à bout, s’écria-t-il, j’éteindrai par des ruines, le feu qu’on allume pour me perdre [2].

XXXII

  1. Civem inquilinum, c’est-à-dire, qu’il n’en étoit Citoyen, que parce qu’il y habitoit ; le mot inquilinus signifie qui n’habite une maison que parce qu’il la loue ; un locataire.
  2. Catilina fait allusion à l’usage d’abattre les maisons pour arrêter les progrès d’un incendie. Ces mots qui lui échapperent, justifient ce qu’en a dit Salluste, sapientiæ parùm. Ce n’étoit pas agir en homme judicieux, que de menacer ouvertement un Corps qui étoit en état de l’écraser. On pourroit faire une autre observation ; mais c’est peut-être trop épiloguer. Puisque mes ennemis m’enveloppent pour me jeter dans le précipice, j’éteindrai, par des ruines, le feu qu’on allume pour me perdre. Ces mots, dans la bouche d’un homme qui étoit éloquent, marquent qu’il ne se possédoit plus, puisque dans une très-courte période, il ne suit pas sa métaphore. Il s’agit de précipice dans le premier membre, & d’incendie dans le second.