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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/152

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mezpas, ne vous relirez pas , conteniez- vous de ne plus donner voire sang : voilà mon avis. Qu’ils possèdent, qu’ils exploitent à leur manière les commandements, qu’ils clierclient des triomphes , qu’ils poursuivent, avec les images de leurs ancêtres , Mithridate, Sertorius , et les débris des exilés ; mais point de dangers ni de travaux pour ceux qui n’ont aucune part dans les avantages I A moins , toutefois , que cette loi soudaine sur les subsistances ne soit une compensation pour vos services ! mais cela n’est pas ; car par elle , votre liberté à chacun a été estimée à cinq mesures de blé, ce qui est ’a peu près la ration d’un prisonnier. Or, de même que cette nourriture avare sutûtlout juste "a empêcher de mourir et qu’en attendant les forces vieillissent, de même un si faible secours ne vous délivre pas des embarras domestiques ; et pourtant les plus lâches se laissent prendre par l’espérance la plus chétive. Mais si abondante que fût cette largesse que l’on vous montrerait comme le l)rix de votre servitude, quelle lârheté ne serait-ce pas de vous laisser abuser, et de croire que vous devriez de la reconnaissance à ceux qui vous rendraient insolemment ce qui vous appartient ? En effet, ils n’ont pas d’autre moyen pour établir leur pouvoir sur les masses , et ils n’en tenteront pas d’autre.

Prenez garde cependant "a leur ruse ! Ainsi tout en cherchant ’a vous apaiser , ils vous remettent au retour de Pompée, ce même Pompée qu’ils ont redouté tant qu’ils l’ont vu, pour ainsi dire, sur leurs lêtes, et qu’ils déchirent depuis qu’ils n’ont plus peur. Et ils n’ont pas bonle, ces vengeurs de la liberté , ainsi qu’ils se nomment , eux qui sont si nombreux, de ne pas oser , faute d’un homme, mettre un terme à leur injustice, ou défendre ce qu’ilsappellent leur droit. Pour moi, il m’est sufûsamment démontré que Pompée , ce jeune homme de tant de gloire , aimera mieux être le chef de voire choix que le complice de leur tyrannie , et qu’il sera , avant tout , le restaurateur de la puissance tribunilienne. Mais autrefois , Romains, chaque citoyen trouvait protection chez tous les autres , et non pas tous chez un seul ; et nul mortel , quel qu’il fût , ne pouvait seul donner ou ôter de tels biens.

Au reste, c’est assez de paroles ; car ce n’est pas par ignorance que vous manquez. Mais je ne sais quelle torpeur vous a gagnés, qui vous empêche d’être mus soit par la gloire, soit par la honte ; et, charmés de votre inertie présente, vous avez tout livré en retour , vous imaginant que vous avez une complète liberté , parce qu’on ménage votre dos et que vous pouvez aller ici ou l’a , par la grâce de vos riches maîtres (M) . Et encore telle n’est paslacondilion de ceux de la campagne : ceuxlà sont mis à mort dans les querelles des grands et sont donnés en présent aux magistrats des provinces. Ainsi , l’on se bat et l’on remporte la victoire au profit d’un petit nombre : le peuple , quoi qu’il arrive , est traité en vaincu , et ce sera pire chaque jour, si les nobles mettent plus d’ardeur à garder le pouvoir, que vous à recouvrer la liberté.