Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/155

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li’ailer (ont ce qui ne leur obéit pas, el principalemeut 1rs rois, comme ennemis ? En effet, si quelques peuples, en petit nomlire, tiennent à la liberté, !a plupart veulent des maîtres légitimes (17) ; et voilà pourquoi les Romains voieut en nous des rivaux suspects , et dans l’avenir des vengeurs, lit toi , qui as sous tes ordres Séicucie, la première ville du monde, ainsi que le noble et riche empire des Perses, que peux-tu attendre d’eux , sinon perfidie aujourd’hui et guerre ouverte demain ? Les Romains, toujours armés contre tous , sont principalement redoutables à ceux dont la défaite leur promet le ])lus de butin. C’est par l’audace, par la perfidie, c’est en !-emant guerre sur guerre , qu’ils se sont faits si ( ;rands. Avec cette coutume, ils anéantiront tout ou succomberont. Alais il ne sera pas difficile de les réduire, si toi, par la Mésopotamie, et moi par l’Arménie, nous enveloppons leur armée qui n’a ni vivres ni secours , et qui ne doit son salut jusqu’ici qu’il la fortune ou ii nos fautes. Pour toi , en venant au secours de rois puissants, tu recueilleras la gloire d’avoir fait Justice de ces spoliateurs des nations. N’hésiic donc pas, je te le conseille , je t’y exhorte ; à moins que tu n’aimes mieux retarder ta perle par la noire, que de vaincre en étant notre allié.

DISCOURS DU CONSUL C. COTTA AU PEUPLE (18).

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Ce (lisci)uis fui adressa au peuple par C. Aurélius Colla, l’an ilell. C79. 11 parait d’après le (ii^collrs même de Colla, que le peuple sVlail soulevé par suile de la disette et lueuaçait les jours du cmisnl, el que celui-ei s’olfiil eouiageusenienl .’l sa fureur, loul en clierthaul à l’apaiser et ! l’adoucir.

Romains, j’ai traversé ici bien des périls, éprouvé à la guerre bien des revers ; j’ai supporté les uns et détourné les autres par le secours des dieux et par mon courage ; et , dans toutes ces circonstances , ni la force d’àme ne m’a manqué pour prendre mes résolutions , ni la constance pour les exécuter. L’adversité et la prospérité changeaient mes ressources, non mou caractère. Mais ’a présent , dans les malheurs qui m’accablent, tout m’abandonne avec la fortune ; de plus la vieillesse, par elle-même pesante, aggrave mes chagrins ; et j’ai la douleur sur la lia de mes jours (19), de ne pouvoir même espérer une mort honorable. En effet , si je suis envers vous un parricide ; si , après avoir reçu deux fois ici l’existence (20) , je compte pour rien mes dieux pénates, et ma patrie, et mon autorité suprême, quelle torture pendant ma vie serait assez cruelle pour moi ! ou quel châtiment après ma mort, puisque tons les supplices connus aux enfers sont au-dessous do mon crime !

Dès ma première jeunesse , j’ai vécu sous vos yeux comme particulier et dans les emplois publics : quiconque a eu besoin de ma voix , de mes conseils , de ma bourse , en a usé ; et je n’ai employé ni les ressources de l’éloquence ni mes talents h nuire. Rien que fort jaloux de la faveur de chaque citoyen , j’ai bravé pour la république les haines les plus puissantes , et lorsque , vaincu avec elle et réduit "a invoquer les secours d’aulnii, je m’attendais à de nouveaux malheurs, vous, Romains , vous m’avez rendu une patrie , des dieux pénates, et la plus haute dignité. Pour tant de bienfaits, c’est ’a peine si je me croirais assez