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VIE DE SALLUSTE.

coup, claiil allribué iiii pailisans île iMiloii iiioiliiirait une espèce de coniijensalion. Cet étrange expédient allait être mis en pratique sur Nuinërius , si l’on ne se fût aperçu que Sestins n’était pas mort , comme on l’avait cru.

Cependant le consul Lentulus Spinther, dans la crainte ([u’un autre n’eiU l’Iionneur du retour de Cicéron, s’employa vivement à faire passer la loi du rappel. Clodius lit de vains eft’oris pour l’euipècher. Ce même peuple, dont peu auparavant il était l’idole, ne le reçut (|u’avec de grantles hutes.Trois jours après Ililon eut la hardiesse de l’arrêter lui-même, et de le Irainer au tribunal du prêteur. Les gladiateurs de Clodius y accoururent et le délivrèrent. Pompée envoya ses gens au secours de Milon , qui, avec ce renfort, chargea de nouveau Clodius, et, après un choc fort opiniâtre, lui fit enfin quitter la place. Alors la loi du rappel passa par acclamalion : Cicéron renlra comme en Irioiiqihe dans Rome Au moment de son arrivée, il moula au capitole ou , de sa pro[pre autorilê , il brisa les tables d’airain conlenant tous les actes faits [lar Clodius durant son tribunal. Vainement Clodius voulut lui en faire un crime ; le moment de sa grande puissance était passé. Il prit donc le parti de se retirer pour un temps ; mais sans entendre qiiiller la partie. Au contraire , on apprit qu’il allait bienlùt revenir disputer le pavé à Milon , et celui-ci ne dissiuuila pas qu’il le chargerait partout ou il le rencontrerait. Clodius et Poni[iée se réunirent de nouveau .sur l.i mauvaise volonté (juils portaient l’un et l’autre à Caton, dont la grande repiilatiou bles.sait la vauite de ce dernier et nuisait fort à son autorité. Pompée avait d’ailleurs une raison plus forte de se raccom moder. Depuis la cessation du triumvirat il voyait César prendre l’a.scendant au dessus de lui par le crédit de la faction populaire ; de sorte qu’il imaginait de se retourner aussi de ce côté, pour pouvoir, à la faveur des troubles, s’élever à la dictature. Ses [(artisans cimunencèrent à dire tout haut que , dans la situation présente des choses, Rome ne pouvait plus se pa.’serd’Lin maître tout-puissant, qui poss( d ;U également les coeurs du peuple et des soldats. Cependant Pompée paraissait mépriser et même détester cette dignité, en même tenq)s (pi’il se donnait .sous-main les plus grands mouvemenis piuir y parvenir. Dans celte vue, il laissait à dessein toutes les affaires aller en décadence. Elles ne |iouvaient guère être dans un plus grand dé.sordre. Rome .’ans mau’islrats toud)ait dans l’anarchie. Ce ne fut (pie le septième iriois (pie Calvinus et Messala furent nonuués consuls. Après eux, on nomma les autres magistral mis. Clodius , qui (tait di jà sur les rangs pour la préime, aurait pu l’avoir dès-lors ; mais voyant l’amice si avancée , il remit sa demande à la suivante , disant (pi’il n’avait pas trop d’un an tout entier pour toul ce qu’il projetnit défaire.

Ceci se passait en "0 ! . Ce fut cette même année et dans des circonstances si favorables à l’esprit ardent et ù l’animositê de Salluste , qu’il brigua la charge de tribun du peuple, dont le pouvoir le mettrait en état de contrarier Pompée , et de se venger de Milon. Il l’obiint en effet |)our l’année suivante, "02 ; en ceci |)lus heureux que Calon qui , à peu prés dans le même temps, sollicita [ihisieurs dignités sans les obtenir, n’y ayant employé que des moyens excellents au siècle de Fabricius et peu f.iils pour le .sien. Salluste n"a pas omis de tirer vanité de celte préférence. « Que l’on considère, dit-il , en » (piels temps j’ai ete (levé aux premières places " de l’état, et quels gens n’y ont pu parvenir. i> Comment n’a-t-il pas senti qu’il n’était guère moins honteux pour lui que pour la répu !ili(pie d’avoir pu parvenir aux honneurs dans un tenqis où on les refusait à Caton ?

Pompéius Rufiis, pelil-lils du dictateur Sylla par sa mère, allie mais non pasami de Milon ; T. Munatius Plancus , M. C(plius et Manil. Canianus, tous gens de la même trempe que Sallusle, lui furent donnés pour collègues. Selon l’usage ils entrèrent en exercice de leur charge dès le milieu de l’année "01 ; et ne tardèrent pas à manifester leur caractère à l’occasion des comices pour l’élection des consuls. Trois personnages considerablfs, Milon, llypsi’us et Scipion, .se disputaient le consulat ; « non seule- " ment, dit Plutai (pie, par corruption et distribution » de deniers, (pli étaient crimes tous communsctor- )) dinaires dans les brigues de dignités de la (^hose 11 publique , mais ouvertement , par armes , balleries et meurtres, tendant à la guerre civile : tant )> ils étaient tous trois audacieux et téméraires. ’i IMilon trouvait de grands obstacles à sa prétention. Il s’était fié sur la parole de Pompée qui, se piquant peu de la tenir, favorisait les deux autres concurreiils. Sa ! uste et Clodius traversaient aussi Alilon. Clodius voulait laprelure, comme Milon voulait le cousidat . et aucun des deux ne voidait voir en place un adversaire dont le crédit diminuerai !

inluiiment le sien. Tant d’intrigues auraient 

sufli pour tenir les affaires en suspens , quand même les tribuns ne .se seraient pas mis de la parlie. Ils travaillèrent de leur part à redoubler l’embarras. Ils relardèrent autant (ju’ils le [lurent l’asseniliU-c du peuple , en alléguant ([uehiuc fticheux auspices. De plus, Sallusle et Rufus prétendirent (|ue c’elail à un eux , non aux prêteurs à donner les s|)cclacles publics ; article qui, sans avoir de ra[i|iort à l’affaire de l’élection , était toujours un sujrt de divi- .sion de [)his ; même im sujet très ca[iablc d’attirer l’attention du [leuiile. lUifiis [lorla si loin l’obsliua lion sur ce [)oiul, (|iie le sénat fut oblige- de le coustiluer prisoimier ; et Milon .saisit habilement celte conjoiiclure, pour donner les spectacles lui-même , ce (|u’il (il avec une telle [irodigalité , ([u’il dcjien a