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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/342

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du consulat. Quant à lui, il ne fit marcher l’armée qu’autant qu’il le jugeait nécessaire pour entretenir la santé du soldat par des changements de lieux. Quoiqu’il entendît souvent dire que ses ennemis excitaient Labiénus contre lui (17), et qu’il fût informé que ces sollicitations étaient l’ouvrage d’un petit nombre d’hommes travaillant à lui faire enlever par le sénat une partie de l’armée, on ne put cependant ni lui rendre Labiénus suspect (18), ni l’amener à rien entreprendre contre l’autorité du sénat ; car il savait que, si les délibérations étaient libres, il obtiendrait facilement justice de ses membres. Déjà même C. Curion (19), tribun du peuple, prenant en main la défense des intérêts et de l’honneur de César, avait dit souvent dans le sénat, que si l’on avait quelque ombrage de la puissance militaire de César, celle de Pompée et sa domination ne devaient pas inspirer moins d’inquiétude ; que l’un et l’autre devaient désarmer et licencier leurs troupes ; qu’ainsi Rome recouvrerait sa liberté et ses droits. Non seulement il fit cette déclaration ; mais il commençait à la faire mettre aux voix, quand les consuls et les amis de Pompée s’y opposèrent ; le sénat s’en tira en prenant un parti moyen.

LIII. C’était là un témoignage positif des sentiments du sénat, et il s’accordait avec un fait plus ancien. En effet, l’année précédente, Marcellus, cherchant à perdre César, avait, contre la loi de Pompée et de Crassus, proposé au sénat de le rappeler de son gouvernement avant le temps. Marcellus, qui voulait établir son crédit sur les ruines de celui de César, s’efforça vainement de faire goûter cet avis ; le sénat tout entier opina contre lui et se rangea à toutes les opinions qui n’étaient par la sienne. Cet échec n’avait point rebuté les ennemis de César, mais les avait avertis de former des liaisons plus étendues, qui pussent forcer le sénat à approuver leurs desseins.

LIV. Bientôt un sénatus-consulte ordonne à Cn. Pompée et à C. César de fournir chacun une légion pour la guerre des Parthes. Il est évident que ces deux légions étaient enlevées à César seul : Cn. Pompée donna, pour son contingent, la première légion, qu’il avait autrefois envoyée à César, et qui avait été levée tout entière dans la province du dernier. Cependant et bien que les intentions de ses ennemis ne fussent point douteuses, César renvoya à Cn. Pompée cette légion ; et, en exécution du sénatus-consulte, il livra en son nom la quinzième, qu’il avait levée dans la Gaule citérieure. En remplacement de celle-ci, il envoya en Italie (21) la treizième légion pour garder les postes que quittait la quinzième. Il distribua ensuite l’armée dans ses quartiers d’hiver, plaça C. Trébonius dans la Belgique avec quatre légions, et envoya C. Fabius avec le même nombre chez les Héduens. Il pensait qu’il suffisait, pour la tranquillité de la Gaule, que les Belges, le plus courageux de ces peuples, et les Édues, dont le crédit était immense, fussent contenus par des armées romaines. Il partit lui-même pour l’Italie.

LV. Lorsqu’il y fut arrivé, il apprit que les