Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/364

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se plaignit en peu de mots de l’ingratitude dont plusieurs d’entre eux payaient ses nombreux bienfaits, et les renvoya tous sans leur faire aucun mal. (4) Comme les duumvirs de Corfinium lui offraient six millions de sesterces que Domitius avait apportés et déposés au trésor, il les rendit à Domitius pour qu’on ne pensât pas qu’il avait plus de respect pour la vie des hommes que pour leur argent ; et cependant il était certain que cette somme provenait du trésor public, et qu’elle avait été donnée par Pompée pour la solde des troupes. (5) Quand il a pris le serment des troupes de Domitius, César lève son camp après être resté sept jours devant Corfinium, fait une marche ordinaire, et, longeant les frontières des Marrucins, des Frentani et des Larinates, arrive en Apulie.

Nouveaux essais de négociations. Siège de Brindes

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(1) Pompée, instruit de ce qui s’était passé à Corfinium, va de Lucéria à Canusium, et de là à Brindes. (2) Il y fait venir de toutes parts les troupes nouvellement levées, arme les esclaves et les pâtres, et leur donne des chevaux : il forme avec eux un corps d’environ trois cents cavaliers. (3) Le préteur L. Manlius s’enfuit d’Albe avec six cohortes ; le préteur Rutilius Lupus de Terracine avec trois : ces dernières, ayant aperçu de loin la cavalerie de César, commandée par Vibius Curius, abandonnent le préteur et passent du côté de Curius avec leurs enseignes. (4) Quelques-unes, fuyant par d’autres chemins, rencontrent les légions de César, d’autres sa cavalerie. On arrête et l’on amène à César N. Magius de Crémone, commandant des ouvriers de Pompée. (5) César le renvoie à Pompée, avec ordre de lui dire que, n’ayant pu jusque là conférer avec lui, et devant bientôt le joindre à Brindes, il importe à la république et au salut commun qu’ils aient ensemble une entrevue ; qu’il est, d’ailleurs, bien différent de communiquer de loin et par des tiers, ou de discuter ensemble toutes les conditions.

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(1) Bientôt après, il arrive devant Brindes avec six légions, dont trois de vétérans, et trois nouvellement levées qu’il avait complétées en chemin ; car, pour les troupes de Domitius, il les avait tout d’abord envoyées de Corfinium en Sicile. (2) En arrivant, il trouve que les consuls sont partis pour Dyrrachium avec une grande partie de l’armée, et que Pompée est resté à Brindes avec vingt cohortes. (3) On ne savait pas si, en restant, son intention avait été de garder cette place, afin de dominer plus facilement toute la mer Adriatique par les extrémités de l’Italie et de la Grèce, et de pouvoir ainsi diriger la guerre des deux côtés, ou s’il avait été retenu par le manque de vaisseaux. (4) César, craignant que Pompée ne voulût pas quitter l’Italie, résolut de fermer la sortie du port de Brindes, et d’empêcher le service. (5) Voici les travaux qu’il fit pour cela. Là où l’entrée du port était le plus resserrée, il jeta aux deux côtés du rivage un môle et des digues, chose que les bas-fonds rendaient facile en cet endroit. (6) Plus loin, comme la digue ne pouvait se maintenir à cause de la profondeur des eaux, il plaça, à trente pieds des digues, (7) deux radeaux qu’il fixa aux quatre