Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/386

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aucun serment n’en assurerait l’exécution. (3) Après quelques paroles échangées sur ce sujet, on convient que ceux qui ont leur domicile ou des propriétés en Espagne seront licenciés à l’instant, les autres sur les bords du Var. (4) Il est stipulé qu’il ne leur sera fait aucun tort, et que nul ne sera forcé de prêter le serment militaire à César.

(1) César s’engagea à les nourrir à compter de ce moment jusqu’à leur arrivée sur les bords du Var : il ajouta encore que tout ce qu’ils avaient perdu à la guerre, et qui se trouverait entre les mains de ses soldats, leur serait rendu ; il en fit faire l’estimation et en paya le prix à ses troupes. (2) Depuis lors, dans tous les différends qu’ils eurent, les soldats prirent César pour arbitre. (3) Pétréius et Afranius, refusant de payer la solde, sous prétexte que le terme n’était pas encore échu, et les soldats la réclamant d’une manière séditieuse, on pria César de prononcer : les uns et les autres s’en tinrent à son jugement. (4) Après avoir licencié environ le tiers de cette armée en deux jours, César fit prendre les devants à deux légions et ordonna aux autres de les suivre, de manière qu’elles ne fussent jamais campées trop loin les unes des autres. Il donna la conduite de cette marche à son lieutenant Q. Fufius Calénus. (5) D’après son ordre on alla ainsi depuis l’Espagne jusqu’au Var, et là le reste de l’armée fut licencié.


Fin du Livre I


Suite des opérations devant Marseille

1

(1)Tandis que ces événements se passent en Espagne, C. Trébonius, lieutenant de César, que celui-ci avait laissé au siège de Marseille, dresse contre la ville les mantelets et les tours, et forme deux attaques, (2) l’une dans le voisinage du port et de l’arsenal des vaisseaux, l’autre du côté qui mène de la Gaule et de l’Espagne à cette partie de la mer qui touche à l’embouchure du Rhône. (3) En effet, Marseille est baignée par la mer presque de trois côtés ; il n’y a qu’un seul côté où l’on ait accès par terre : encore la partie qui touche à la citadelle est-elle très forte et par sa position et par une vallée profonde qui en rendent l’attaque longue et difficile. (4) Pour exécuter ces travaux, C. Trébonius fait venir de toute la province un grand nombre d’hommes et de chevaux, et se fait apporter des matériaux et des fascines avec lesquels il élève une terrasse de quatre-vingts pieds de haut.

Travaux d’approche

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(1) Mais on avait depuis longtemps pourvu la ville d’une telle quantité de munitions de guerre et de machines, qu’il n’y avait point de mantelets d’osier qui pussent résister à leurs efforts. (2) Des perches de douze pieds de long, armées de fer par le bout, étaient lancées par d’énormes balistes, et, après avoir traversé quatre rangs de claies, allaient encore se ficher en terre. (3) En conséquence, on fit une galerie couverte avec des poutres épaisses d’un pied et jointes ensemble ; et sous cet abri on se passait de main en main ce