Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/387

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qui était nécessaire pour la construction de la terrasse. (4) Afin de mettre le terrain au niveau, on avait placé en avant une tortue de soixante pieds, également composée de fortes poutres et enveloppée de tout ce qui pouvait la garantir du feu et des pierres. (5) Mais l’étendue des ouvrages, la hauteur du mur et des tours, le grand nombre de machines des assiégés, retardaient tous les travaux. (6) En outre, les Albiques faisaient de fréquentes sorties et venaient lancer des feux sur les tours et la terrasse ; mais nos soldats les repoussaient aisément, et, après leur avoir fait perdre beaucoup de monde, les rejetaient dans la ville.

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(1) Cependant L. Nasidius, que Cn. Pompée envoyait au secours de L. Domitius et des Marseillais avec seize navires, dont quelques-uns avaient la proue d’airain, pénètre dans le détroit de Sicile à l’insu de Curion qui avait manqué de prévoyance. (2) Il aborde à Messine, où la terreur est telle que le sénat et les principaux citoyens prennent la fuite, enlève une galère dans le port, (3) la joint au reste de sa flotte et continue sa route vers Marseille. Il avait envoyé devant lui secrètement une petite barque annoncer sa venue à Domitius et aux Marseillais, et les exhorter vivement à tenter, avec le secours qu’il leur amenait, un second combat naval contre Brutus.

Seconde bataille navale

====4) (1) Les Marseillais, depuis leur premier échec, avaient remplacé les vaisseaux perdus par un même nombre de vieilles galères, tirées de leur arsenal, radoubées et armées avec beaucoup de soin ; ni les rameurs ni les pilotes ne leur manquaient. (2) Ils y avaient ajouté des barques de pêcheurs, qu’ils avaient couvertes pour que les rameurs fussent à l’abri du trait, et remplies d’archers et de machines. (3) Leur flotte ainsi équipée, encouragés par les prières et les larmes des vieillards, des mères de famille, des jeunes filles, qui les conjurent de sauver leur patrie dans cette extrémité, ils montent sur les vaisseaux avec la même résolution et la même assurance qu’ils avaient montrées dans le combat précédent. (4) Car telle est la faiblesse humaine, que les choses que nous n’avons jamais vues, qui nous sont nouvelles, inconnues, nous inspirent ou plus de confiance ou plus d’effroi ; c’est ce qui eut lieu alors. L’arrivée de L. Nasidius avait rempli les esprits d’espérance et de bonne volonté. (5) Secondés par un vent favorable, ils sortent du port et joignent Nasidius à Tauroentum, château qui appartient aux Marseillais. Là ils disposent leurs vaisseaux, se concertent ensemble, et se confirment dans la résolution de combattre. L’aile droite est donnée aux Marseillais, la gauche à Nasidius.

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(1) Brutus va à leur rencontre avec sa flotte augmentée de plusieurs vaisseaux ; car aux galères construites à Arles d’après l’ordre de César, il en avait ajouté six prises sur les Marseillais. Il avait employé les jours précédents à les remettre en état et à les équiper. (2) Ayant donc exhorté les siens à mépriser, après sa défaite, un ennemi qu’ils avaient vaincu lorsqu’il avait toutes ses forces, il marche contre eux plein d’espoir et de résolution. (3) Il était facile, du camp de Trébonius et de toutes les hauteurs, de voir, dans la ville, toute la jeunesse qui était restée, les vieillards, les femmes, les enfants, les gardes