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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/392

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après avoir lâchement violé la trêve, insultât à leur valeur. Comme il ne restait plus de matériaux peur réparer ce dommage, les arbres ayant été coupés et enlevés dans tous les environs de Marseille, ils entreprirent une terrasse d’une espèce nouvelle et dont on n’avait jamais entendu parler. Ils élevèrent deux murs de briques de six pieds d’épaisseur, et à peu près éloignés l’un de l’autre par la largeur de la première terrasse, avec un plancher portant sur les deux murs. (2) Pour donner de la solidité à ce plancher, on mit entre les murs ou dans les parties trop faibles des solives transversales ; et le tout fut recouvert de claies enduites de mortier. (3) Sous ce toit, le soldat, protégé à droite et à gauche et couvert de front par les mantelets, portait sans risque tout ce qui était nécessaire à l’ouvrage. (4) On travailla avec célérité ; le zèle et le courage des soldats eut bientôt réparé le dégât. On ménagea des portes aux endroits qui parurent les plus propres à des sorties.

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(1) Quand les ennemis virent ainsi rétabli en peu de jours ce qui, dans leur espoir, devait nous occuper longtemps ; qu’il n’y avait plus moyen de nous tromper ni de nous attaquer à force ouverte ; que nos soldats n’avaient pas plus à craindre leurs traits que nos ouvrages l’incendie ; (2) qu’il nous était facile de fermer toutes les avenues de leur ville, du côté de la terre, par un même système de murs et de tours ; que déjà nos remparts, élevés presque au pied de leurs murailles, et d’où nous pouvions lancer des traits avec la main, ne leur permettaient plus de se montrer, (3) et que cette proximité rendait inutiles les machines sur les quelles ils comptaient le plus ; quand ils eurent enfin considéré, qu’obligés d’en venir aux mains du haut de leur murs et de leurs tours, il leur était impossible de lutter de valeur avec nous, ils pensèrent à se soumettre aux conditions qu’ils avaient déjà proposées.

La situation en Espagne ultérieure. Attitude de Varron

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(1) M. Varron, qui commandait alors dans l’Espagne ultérieure, ayant appris ce qui s’était passé en Italie, et désespérant du succès de Pompée, commençait à parler de César avec beaucoup d’amitié. (2) Il disait qu’à la vérité son titre de lieutenant le retenait au parti de Pompée à qui sa parole l’enchaînait ; mais que des liens non moins forts l’attachaient à César ; et que s’il n’ignorait pas les devoirs d’un lieutenant qui n’avait qu’une autorité de confiance, il n’ignorait pas non plus quelles étaient ses forces et combien toute la province était affectionnée à César. (3) Il tenait partout ces propos, et cependant demeurait dans l’inaction. (4) Mais, plus tard, lorsqu’il apprit que César était retenu au siège de Marseille, que les troupes de Pétréius avaient joint celles d’Afranius, qu’ils avaient reçu de grands secours, qu’ils en attendaient encore de plus considérables, que toute la province citérieure était dévouée, quand il fut instruit ensuite de l’extrémité où César se trouvait réduit près d’Ilerda par le manque de vivres, que les lettres d’Afranius exagéraient encore, il commença, lui aussi, à se laisser aller au mouvement de la fortune.

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