Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/397

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sans défiance, prennent la fuite. La cavalerie échappa presque tout entière, parce qu’elle gagna promptement la ville en suivant le rivage ; mais on tua un grand nombre de fantassins.

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(1) La nuit suivante, deux centurions Marses quittent le camp de Curion avec vingt-deux soldats de leurs compagnies et passent dans celui d’Attius Varus. (2) Soit qu’ils voulussent le flatter, soit qu’ils fussent sincères (car nous croyons volontiers ce que nous désirons, et nous nous imaginons aisément que les autres pensent comme nous), ils affirment à Varus que l’armée n’a nulle affection pour Curion ; qu’il fallait seulement mettre les soldats en présence et à portée de se parler. (3) Persuadé par ces paroles, Varus, le lendemain matin, tire les légions du camp. Curion fait de même ; et, n’étant séparés que par un vallon de peu d’étendue, ils rangent l’un et l’autre leurs troupes en bataille.

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(1) Il y avait dans l’armée de Varus un nommé Sextus Quintilius Varus, qui, ainsi que nous l’avons dit plus haut, s’était trouvé à Corfinium. César l’ayant laissé aller, il avait passé en Afrique. Or Curion avait amené avec lui ces mêmes légions qui s’étaient rendues à César, à Corfinium ; de sorte que c’était, à l’exception de quelques centurions, les mêmes rangs, les mêmes manipules. (2) Quintilius ayant pris de là occasion de leur parler se montre devant les lignes de l’armée de Curion, et commence à conjurer les soldats de se souvenir du premier serment qu’ils ont prêté à Domitius et à lui-même son questeur ; de ne pas porter les armes contre ceux qui avaient couru même fortune et qui avaient partagé avec eux les dangers et les fatigues d’un siège ; enfin, de ne pas combattre pour des hommes qui les appelaient injurieusement du nom de transfuges. (3) Il ajouta quelques mots, leur faisant espérer des marques de sa libéralité s’ils voulaient suivre le parti d’Attius et le sien. (4) Ces paroles ne produisirent aucun effet sur l’armée de Curion ; ainsi chacun ramena ses troupes dans son camp.

Agitation des soldats de Curion

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(1) Cependant une terreur générale se répandit dans le camp de Curion ; car la diversité des rumeurs propage rapidement les craintes. Chacun se créait des alarmes vaines ; et aux inquiétudes que lui avaient inspirées les propos des autres, ajoutait ses propres frayeurs. (2) Ce qu’un seul avait dit était répété par tous, et à mesure que le même récit passait de bouche en bouche, il semblait avoir un plus grand nombre d’autorités. {PASSAGE CORRUMPU} d’autres nouvelles étaient aussi inventées par des hommes qui voulaient paraître mieux informés que la foule.

Délibération du conseil

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(1) En conséquence, Curion assembla le