Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/409

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fermer leurs portes au consul, et qu’ils n’ont pas la prétention de réformer ce que toute l’Italie et le peuple romain ont décidé. (3) Dès qu’il connut leurs intentions, Stabérius s’enfuit en secret d’Apollonia. Ceux-ci envoient des députés à César et le reçoivent dans leurs murs. (4) Ceux de Byllis, ceux d’Amantia, le reste des villes voisines, toute l’Épire, suivent leur exemple et députent vers César pour lui demander ses ordres.

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(1) Cependant Pompée, informé de ce qui s’était passé à Oricum et à Apollonia, craignit pour Dyrrachium, et se dirigea vers cette ville en marchant jour et nuit. (2) Mais dès qu’on sut que César approchait, son armée fut saisie d’une telle frayeur (car il avait marché nuit et jour sans s’arrêter), que presque tous les soldats abandonnèrent leurs enseignes dans l’Épire et dans les contrées voisines ; la plupart jetèrent leurs armes, et leur marche avait l’air d’une véritable déroute. (3) Enfin Pompée arriva près de Dyrrachium, où il campa ; et, comme son armée n’était pas encore revenue de son effroi, le premier, Labiénus s’avança vers Pompée et jura de ne le point quitter et de partager son sort quel qu’il pût être. (4) Les autres lieutenants prêtèrent le même serment. Après eux les tribuns militaires et les centurions, et ensuite toute l’armée. (5) César, voyant qu’on lui avait fermé le chemin de Dyrrachium, cesse de marcher à grandes journées, et va camper sur le rivage de l’Apsus, sur les frontières du territoire d’Apollonia, afin de couvrir par ses fortifications les villes qui l’avaient loyalement servi ; il résolut d’attendre là le reste de ses légions d’Italie et d’hiverner sous des tentes. (6) Pompée en fit autant. Il vint camper sur l’autre rive et y réunit toutes ses troupes et ses auxiliaires.

La flotte césarienne tente en vain un second transport

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(1) Calénus, d’après l’ordre de César, embarqua à Brindes l’infanterie et la cavalerie sur autant de vaisseaux qu’il en put trouver et se mit en mer. Mais à peine sorti du port, il reçut des lettres de César, qui l’informaient que la flotte ennemie occupait tous les ports et tout le littoral. (2) Sur cet avis il rentra et rappela tous ses vaisseaux. Un de ces vaisseaux ayant continué sa route, contre l’ordre de Calénus, parce qu’il ne portait point de troupes et était soumis à une autorité particulière, fut pris par Bibulus à la hauteur d’Oricum. (3) Tous ceux qui le montaient, esclaves, hommes libres, enfants même, furent massacrés jusqu’au dernier. Ainsi le salut de toute l’armée ne dépendit que d’un moment et du hasard.

Situation difficile de la flotte pompéienne. Bibulus et Lison demandent à entamer des négociations

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(1) Bibulus, comme il a été dit plus haut, était devant Oricum avec sa flotte ; mais de même qu’il fermait la mer à César, celui-ci pareillement l’empêchait de communiquer avec aucun des pays du littoral. (2) Des gardes avaient été placés sur toute la côte, en sorte que Bibulus ne pouvait avoir ni bois, ni eau douce, ni abordage. (3) La position était des plus difficiles, et ses gens manquaient des choses les plus nécessaires, au point qu’ils étaient forcés de tirer par mer, de Corcyre, au moyen de vaisseaux de charge, non seulement les vivres, mais l’eau et le bois ; (4) il arriva même qu’ayant essuyé des vents contraires,