Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/493

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triomphe. Lui cependant il entra dans les charges publiques sans être soutenu par la gloire de ses ancêtres ou par la réputation de son père ; il n’avait ni un grand nom, ni de grandes alliances ; et toi, qui as pour appui la réputation et l’autorité de ton père, outre ta grandeur d’âme et ton activité personnelles, ne feras-tu aucun effort ? n’iras-tu pas trouver les amis de ton père pour les engager à prendre en main ta défense, celle de la république et de tous les gens de bien ? »

XXIII. Animé par les discours d’un personnage si grave, le jeune Pompée prit trente vaisseaux de toute espèce, parmi lesquels il y avait peu de bâtiments de guerre, partit d’Utique pour la Mauritanie, entra dans le royaume de Bogud avec une troupe de deux mille hommes, tant libres qu’esclaves, partie armés, partie sans armes, et marcha sur la ville d’Ascurum, où le roi avait mis garnison. À son arrivée, les habitants le laissèrent d’abord approcher jusqu’aux portes ; mais bientôt, sortant tout à coup, épouvantant et renversant sa troupe, ils la repoussèrent en désordre jusqu’à ses vaisseaux. Après ce mauvais succès, le jeune Pompée partit sans reparaître depuis sur la côte, et prit avec sa flotte la route des îles Baléares.

XXIV. Cependant Scipion, étant parti avec ces mêmes troupes dont nous avons parlé, et ayant laissé une forte garnison à Utique, vint d’abord camper à Hadrumète. Après s’y être arrêté quelques jours, il marcha de nuit, et fit sa jonction avec Pétréius et Labiénus : ils formèrent alors un seul camp, et se postèrent à environ six mille pas de César. Cependant leur cavalerie venait courir autour de nos retranchements, et enlevait ceux qui en sortaient pour aller à l’eau ou au fourrage ; et ainsi ils nous obligeaient à rester dans notre camp. Aussi la disette fut bientôt dans l’armée de César ; car aucun convoi n’arrivait de Sardaigne ni de Sicile. Comme la saison rendait la mer dangereuse, et que César n’avait, sur le continent, qu’un espace de trois mille pas où il pût s’étendre, le fourrage vint à manquer. Dans cette extrémité, les soldats vétérans et les cavaliers qui avaient longtemps fait la guerre sur terre et sur mer, et qui avaient souvent passé par les mêmes épreuves et par une aussi grande disette, ramassaient sur le rivage de l’algue marine, la lavaient dans de l’eau douce, et, par cette nourriture, prolongeaient la vie de leurs chevaux.

XXV. Sur ces entrefaites, le roi Juba ayant su les embarras de César et le petit nombre de ses troupes, ne crut pas devoir lui donner le temps de se remettre et d’augmenter ses forces. Il sortit donc de ses états avec une cavalerie et une infanterie nombreuses, et marcha au secours de ses alliés. D’un autre côté, P. Sittius et le roi Bocchus (5), apprenant le départ de Juba, réunirent leurs forces, entrèrent dans son pays, assiégèrent Cirta, la plus opulente ville du royaume, et la prirent en peu de jours. Ils s’emparèrent aussi de deux villes Gétules, dont les habitants, ayant refusé de livrer la place, furent enlevés d’assaut et