Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/513

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la vue des ennemis, et massacra la garnison sans qu’ils osassent la secourir. P. Cornélius, vétéran, qui commandait la place, se défendit vaillamment, fut enveloppe et tué. César donna à ses troupes tout le blé qu’il y trouva, et arriva le lendemain devant la ville de Tisdra[1], où Considius s’était jeté avec des troupes nombreuses et sa cohorte de gladiateurs. César, ayant reconnu la place et manquant des choses nécessaires pour l’assiéger, partit aussitôt, campa environ à quatre mille pas de là, dans un endroit où il trouva de l’eau, et, quatre jours après, il revint au camp qu’il avait occupé près d’Aggar. Scipion fit de même et ramena ses troupes dans ses anciens retranchements.

LXXVII. Cependant ceux de Thabena, ville située à l’extrémité des côtes maritimes et de la domination de Juba, massacrèrent la garnison qu’il avait mise chez eux, et envoyèrent des députés à César pour lui apprendre ce qu’ils avaient fait, le priant avec instance de les soutenir, en considération du service qu’ils avaient rendu au peuple romain. César, approuvant leur action, leur envoya le tribun Marcius Crispus avec une cohorte, des archers, et quantité de machines pour la défense de leur place. À cette même époque, les légionnaires qui, par suite de maladies ou de congés, n’avaient pu passer en Afrique avec leurs corps, arrivèrent en un seul convoi au camp de César, au nombre de quatre mille soldats, de quatre cents cavaliers, et de mille archers ou frondeurs. César, ayant fait sortir avec ces troupes toutes ses légions, s’avança en bataille à huit mille pas de son camp, et s’arrêta à quatre mille pas de celui de Scipion.

LXXVIII. Au-dessous du camp de Scipion était une ville nommée Tegea, où il tenait ordinairement un poste de quatre cents chevaux. Il les rangea à droite et à gauche de cette place, fit sortir ses légions du camp, et les mit en bataille sur le bas de la colline, à mille pas environ de ses retranchements. Comme Scipion se tenait là immobile et que le jour se passait à rien faire, César ordonna à sa cavalerie d’attaquer celle de l’ennemi, qui était postée près de la ville, et envoya en même temps toute son infanterie légère avec ses archers et ses frondeurs pour la soutenir. Cet ordre ayant été exécuté, et la cavalerie de César ayant chargé avec ardeur, Pacidéius commença à déployer la sienne sur un grand front pour nous envelopper, sans cesser néanmoins de combattre avec beaucoup de vigueur et de courage. César, voyant cela, détacha de la légion la plus proche trois cents de ces soldats qu’il faisait marcher sans bagages, et les envoya au secours de sa cavalerie. Labiénus, de son côté, envoyait sans cesse de la cavalerie fraîche relever et secourir ceux qui étaient blessés ou fatigués. Comme les cavaliers de César, qui n’étaient que quatre cents, ne pouvaient tenir contre quatre mille cavaliers ennemis, et que, pressés par l’infanterie légère des Numides, ils commençaient à plier, César fit partir aussitôt son autre aile, qui arrêta les plus avancés. Ce secours ayant ranimé les siens, ils chargèrent tous

  1. Aujourd’hui Caïroan.