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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/512

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renoncé à cette activité que jusque-là il avait toujours portée dans la guerre. Cela devait être. En effet, dans la Gaule, ses troupes étaient accoutumées à faire la guerre dans un pays plat, et contre les Gaulois, hommes francs et sans finesse, qui n’employaient que la force et jamais la ruse ; maintenant il devait habituer les soldats à connaître les ruses, les pièges, les artifices de l’ennemi, leur apprendre quand il fallait le poursuivre, quand il fallait l’éviter. Afin donc que ses soldats fussent plus tôt au fait, il avait soin de ne pas tenir ses légions renfermées ; il les menait çà et là sous prétexte de chercher des vivres, persuadé que l’ennemi ne manquerait pas d’aller à leur poursuite. Le troisième jour, il rangea soigneusement ses troupes en bataille ; passa avec elles devant le camp des ennemis et leur présenta le combat en rase campagne. Voyant qu’ils n’avaient nulle envie de se battre, il ramena sur le soir ses légions au camp.

LXXIV. Cependant il lui arrive des députés de Vaga, ville voisine de Zeta, dont nous avons dit que César s’était rendu maître ; ils le prient, ils le conjurent de leur envoyer garnison, promettant de le pourvoir de beaucoup de choses nécessaires à la guerre. Dans le même temps les dieux, par bienveillance pour César, permirent qu’un transfuge vint avertir ces députés que Juba, prévenant la garnison que César envoyait, était accouru promptement avec ses troupes vers la ville, l’avait assiégée avec sa multitude, l’avait prise, et, après en avoir massacré les habitants jusqu’au dernier, l’avait livrée au pillage et à la destruction.

LXXV. Le douzième jour des calendes d’avril, César fit la revue de son armée, et, le lendemain, étant sorti de son camp avec toutes ses forces, il s’avança près de cinq mille pas dans la plaine, et parut en bataille à environ deux milles du camp de Scipion. Après être resté là assez longtemps en invitant les ennemis au combat, voyant qu’ils ne voulaient pas l’accepter, il ramena ses troupes. Le jour suivant il décampa et marcha vers la ville de Sarsura, où Scipion avait une garnison de Numides, et des magasins de blé. Instruit de sa marche, Labiénus se mit à poursuivre avec sa cavalerie et son infanterie légère l’arrière-garde de César, et après avoir enlevé quelques chariots de vivandiers et de marchands, fier de ce succès, il s’approcha de nos légionnaires, qu’il croyait chargés d’un bagage pesant, épuisés de fatigue, et incapables de résistance. Mais César, prévoyant cela, avait dans chacune de ses légions trois cents hommes qui ne portaient aucun bagage. Il les envoya donc soutenir sa cavalerie contre celle de Labiénus. Aussitôt celui-ci, effrayé à la vue de nos enseignes, tourna bride et s’enfuit honteusement, après avoir eu un grand nombre d’hommes tués et beaucoup plus encore de blessés. Les légionnaires rejoignirent les drapeaux et continuèrent leur marche. Labiénus nous suivit de loin sur la droite par les hauteurs.

LXXVI. Arrivé devant Sarsura, César la prit à