Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/526

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levée dans la province. Mais il les rejoignit plus tôt qu’ils n’avaient pensé, et par conséquent n’eut pas l’escorte qu’il voulait.

III. À la même époque, Sextus Pompée, frère de Cnéius, était avec une garnison dans Cordoue, qui passait pour la capitale de la province (4). Le jeune Cn. Pompée était occupé depuis quelques mois au siège d’Ulia. Les habitants, informés de l’arrivée de César, lui envoyèrent des députés qui, après avoir traversé en secret le camp de Pompée, vinrent à lui et lui demandèrent un prompt secours. César, qui savait que de tout temps cette ville avait bien mérité du peuple romain, fit partir à la seconde veille six cohortes et autant de cavalerie, sous les ordres de L. Vibius Paciécus, homme habile et connu dans la province. Au moment où celui-ci arriva au camp de Pompée, il survint une si furieuse tempête, accompagnée d’un vent si violent qu’on ne se voyait pas et qu’à peine pouvait-on reconnaître son voisin : ce qui lui fut très avantageux et à ses troupes. Car, étant arrivé là, il fit marcher les cavaliers deux à deux droit vers la ville, à travers le camp des assiégeants, et une sentinelle leur ayant demandé qui ils étaient, un des nôtres lui dit de se taire, qu’ils cherchaient à approcher du mur pour surprendre la place ; et les sentinelles, que l’orage empêchait da faire une garde bien exacte, en furent encore détournés par cette réponse. Les nôtres approchèrent de la ville, et ayant fait un signal, furent reçus par les habitants ; puis, laissant quelques hommes dans la place, ces troupes, fantassins et cavaliers, poussant un grand cri, se jetèrent sur le camp ennemi ; et comme ceux-ci ne s’attendaient pas à cette attaque, la plupart se crurent presque perdus.

IV. Après avoir envoyé ce secours à Ulia, César, pour obliger Pompée à en lever le siège, marcha vers Cordoue. Dans le chemin, il fit prendre les devants à de braves légionnaires qui allèrent avec de la cavalerie, et qui, aux environs de la ville, montèrent en croupe derrière les cavaliers sans que ceux de Cordoue eussent pu s’en apercevoir. Lorsqu’ils furent tout près de la ville, les habitants sortirent en foule pour accabler notre cavalerie ; mais aussitôt les légionnaires dont nous venons de parler mirent pied à terre, et les chargèrent si vivement, que de toute cette multitude fort peu rentrèrent dans la ville. Effrayé de cet échec, Sextus Pompée écrivit à son frère de venir promptement à son secours, avant que César ne se fût rendu maître de la place. En conséquence de ces lettres, Cn. Pompée, qui était sur le point de prendre Ulia, quitta le siège de cette ville, et marcha sur Cordoue avec ses troupes.

V. César étant arrivé au fleuve Bétis, et ne pouvant le traverser à cause de sa profondeur, y fit jeter de grandes corbeilles remplies de pierres sur lesquelles on dressa un pont, et l’armée passa en trois corps. Ce pont était formé de deux rangs de poutres qui allaient d’un bord à l’autre, vis-à-vis de la place (5). Pompée étant arrivé avec ses troupes