Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/531

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rapporté, sortant d’un souterrain où il vivait, s’était écrié : « Qu’on avait commis un crime affreux ; que des hôtes qui les avaient reçus dans leurs foyers, près de leurs dieux pénates, n’avaient en rien mérité un si horrible traitement ; qu’on avait violé, par cet attentat, le droit de l’hospitalité. » Il avait ajouté beaucoup d’autres choses semblables, et, effrayés par ces paroles, les brigands s’étaient arrêtés au milieu du carnage.

XVII. Le lendemain Tullius, député par la garnison, vint avec Caton de Lusitanie, et dit à César : « Plût aux dieux immortels que j’eusse été ton soldat et non celui de Pompée, et, que j’eusse montré la fermeté de mon courage plutôt dans tes victoires que dans ses désastres ! Car ses funestes louanges n’ont servi qu’à forcer des citoyens romains, dénués de secours, à se soumettre en ennemis vaincus, après avoir été témoins de la ruine déplorable de leur patrie. Nous avons essuyé tous les malheurs de sa disgrâce, sans avoir participé aux avantages de ses succès. Enfin, las de soutenir les attaques continuelles de tes légions, d’être nuit et jour exposés aux glaives et aux traits de tes soldats, vaincus, abandonnés par Pompée, soumis par ta valeur, nous avons recours à ta clémence, nous te demandons la vie. » — « Je serai tel, répondit César, envers les citoyens romains qui se rendront à moi, que j’ai été à l’égard des peuples étrangers. »

XVIII. Les députés se retirèrent. Arrivés à la porte de la ville, Tib. Tullius ne suivit pas Antonius qui entrait ; il revint à la porte, et se saisit d’un homme. Antonius, l’ayant remarqué, tira de son sein un poignard, et le blessa à la main. Après cela ils se réfugièrent tous deux au camp de César. Dans le même temps, un enseigne de la première légion vint à nous, et nous apprit que le jour du combat de cavalerie, sa cohorte avait eu trente-cinq hommes de tués ; mais que dans le camp de Pompée il n’était pas permis de le dire, ni même que personne eût péri. Un esclave, dont le maître était passé au camp de César en laissant sa femme et son fils dans la ville, égorgea son maître et s’enfuit dans le camp de Pompée, d’où il nous envoya un boulet avec une inscription qui indiquait les préparatifs faits dans la ville pour la défendre (8). Après la réception de ces lettres, ceux qui avaient coutume de lancer ces boulets portant une inscription, rentrèrent dans la ville. Quelque temps après, deux frères lusitaniens vinrent à nous comme transfuges, et nous apprirent que Pompée, dans une harangue adressée à ses troupes, avait dit que, puisqu’on ne pouvait secourir la place, il fallait se retirer secrètement de nuit vers la mer ; qu’à cela un soldat avait répliqué qu’il valait mieux sortir pour combattre que pour fuir, et que ce soldat avait été massacré. Dans le même temps, des émissaires que Pompée envoyait à la ville ayant été arrêtés, César fit jeter aux assiégés les lettres qu’ils portaient ; et comme l’un d’eux lui demandait la vie, César lui proposa de mettre le feu à une tour de bois appartenant aux ennemis, lui promettant tout s’il réussissait. L’entreprise était difficile et dangereuse ; aussi, à peine