Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/648

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de ce peuple furent anéantis en Etrurie, par Dolabella, près le lac de Vadimon[1], afin qu’il n’existât plus dans cette nation un seul homme qui pût se glorifier d’avoir incendié la ville de Rome.

XIV. — Guerre contre les Latins. — (An de Rome 414-417.) — Des Gaulois on marcha contre les Latins, sous le consulat de Manlius Torquatus et de Décius Mus. La jalousie du commandement avait toujours rendu ces peuples ennemis de Rome ; mais alors, l’incendie de cette ville la leur faisant mépriser, ils réclamaient le droit de cité, la participation au gouvernement et aux magistratures ; et ils osaient plus que nous combattre. Ils cèdent à nos armes ; qui pourra s’en étonner, quand on voit l’un des consuls faire mourir son fils pour avoir combattu contre son ordre, et montrer qu’il attache à la discipline plus de prix qu’à la victoire ; l’autre, comme par une inspiration divine, se couvrir la tête d’un voile, se dévouer aux dieux Mânes devant le premier rang de l’armée, se précipiter au milieu des traits innombrables des ennemis, et nous frayer, par les traces de son sang, un nouveau chemin vers la victoire ?

XV. — Guerre contre les Sabins. — (An de Rome 465.) — Les Latins soumis, on attaqua les Sabins qui, oubliant l’alliance contractée sous Titus Tatius, et entraînés à la guerre par une sorte de contagion, s’étaient joints aux Latins. Mais le consul Curius Dentatus porta le fer et le feu dans toute la contrée qui s’étend entre le Nar[2], l’Anio[3], et les fontaines Vélines[4], jusqu’à la mer Adriatique. Cette victoire fit passer tant d’hommes, tant de territoire sous la puissance de Rome, que le vainqueur lui-même ne pouvait décider laquelle de cette double conquête était la plus considérable (71).

XVI. — Guerre contre les Samnites. — (An de Rome 410.) — Touché des prières de la Campanie, le peuple romain, non pour son intérêt, mais, ce qui est plus beau, pour celui de ses alliés, attaqua ensuite les Samnites. Il existait une alliance conclue avec chacun de ces deux peuples ; mais les Campaniens avaient rendu la leur plus sacrée et plus importante par la cession de tous leurs biens. Ainsi donc Rome fit la guerre aux Samnites comme pour elle-même.

De toutes les contrées non seulement de l’Italie, mais de l’univers entier, la plus belle est la Campanie. Rien de plus doux que son climat ; un double printemps y fleurit chaque année. Rien de plus fertile que son territoire ; aussi dit-on que Bacchus et Cérès y rivalisent. Point de mer plus hospitalière. Là sont les ports renommés de Caïète[5], de Misène[6], de Baies, aux sources toujours tièdes ; le Lucrin[7] et l’Averne[8], où la mer semble venir se reposer. Là sont ces monts couronnés de vignobles, le Gaurus[9], le Falerne, le Massique[10], et, le plus beau de tous, le Vésuve, rival des feux de l’Etna. Près de la mer sont les villes de Formies[11], Cumes[12], Pouzzoles, Naples, Herculanum, Pompéii, et, la première de toutes, Capoue[13], comptée jadis au rang des trois plus grandes cités du monde, avec Rome et Carthage.

  1. En Étrurie.
  2. Il prend sa source auprès du mont Fisallus, coule entre l’Ombrie et le pays des Sabins, et va se jeter dans le Tibre.
  3. Aujourd’hui Teverone.
  4. Rivière du pays des Sabins.
  5. Aujourd’hui Gaëte, dans la terre de Labour.
  6. Aujourd’hui Capo di Miseno.
  7. Entre Pouzzoles et Bates.
  8. Voisin du précédent.
  9. Sur la rive du Liris (Garigliano).
  10. Célèbres crûs de l’Italie.
  11. Ville de la Campanie, aujourd’hyu le Môle.
  12. On en voit quelques vestiges à une lieue de Pouzzoles.
  13. Cette ville subsiste encore aujourd’hui.