Aller au contenu

Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/706

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas fugitifs chez les Parthes ; en Afrique, ou en Égypte, et mourir enfin assassiné, sous les yeux de sa femme et de ses enfants, sur le rivage de Peluse[1], par l’ordre du plus misérable des rois, par le conseil de vils eunuques, et, pour comble d’infortune, par le glaive de Septimius, déserteur de son armée.

Qui n’aurait cru la guerre finie avec Pompée ? Cependant, des cendres de la Thessalie, on vit renaître un incendie bien plus terrible et plus violent que le premier. L’Égypte s’arma contre César, sans être pourtant du parti de son rival. Ptolémée, roi d’Alexandrie, avait commis le plus grand attentat de la guerre civile : il avait cimenté son traité d’alliance avec César, en lui présentant pour gage la tête de Pompée. La fortune, qui cherchait une vengeance aux mânes de ce grand homme, la trouva bientôt. Cléopâtre, sœur du roi, vint se jeter aux genoux de César, et réclamer sa part du royaume d’Egypte. Tout parlait en faveur de cette jeune princesse : et sa beauté, et, ce qui y ajoutait encore, l’injustice dont elle se disait victime, et la haine qu’inspirait le roi qui avait immolé Pompée à la fortune d’un parti et non pas à César, et qui n’eût pas craint sans doute de frapper de même ce dernier, si son intérêt l’eût exigé. César n’eut pas plus tôt ordonné que Cléopâtre fût rétablie dans ses droits, qu’il se vit assiégé dans le palais par les assassins même de Pompée ; et, bien qu’il n’eût qu’une poignée de soldats, il y soutint, avec un courage admirable, les efforts d’une nombreuse armée (33). D’abord, en mettant le feu aux édifices voisins, à l’arsenal et au port, il détourna l’attaque des ennemis qui le pressaient (34). Bientôt après, il se sauva tout à coup dans la presqu’île du Phare (35), d’où, forcé de s’enfuir par mer, il eut le rare bonheur de regagner à la nage sa flotte qui stationnait près de là ; et, dans ce trajet, il laissa son manteau au milieu des flots, soit par hasard, soit à dessein, pour offrir un but aux traits et aux pierres que les ennemis lançaient contre lui (36). Enfin, recueilli par les soldats qui montaient sa flotte, il attaqua les assaillants de tous les côtés à la fois, et immola ce peuple lâche et perfide aux mânes de son gendre (37). Théodote, gouverneur du roi, et l’auteur de toute cette guerre, Photin et Ganymède, ces monstres qui n’étaient pas même des hommes, errèrent en fugitifs, chacun de son côté, par mer et par terre, et moururent diversement. Le corps du roi lui-même fut trouvé enseveli sous la vase et on le reconnut à la cuirasse d’or qui le distinguait.

En Asie, de nouveaux troubles s’élevèrent du côté du Pont, comme si la fortune, acharnée à la ruine du royaume de Mithridate, eût, après avoir accordé à Pompée la défaite du père, réservé celle du fils à César. Le roi Pharnace, comptant plus sur nos divisions que sur sa valeur, était venu fondre sur la Cappadoce, à la tête d’une puissante armée. Mais César l’attaqua et l’écrasa dans un seul combat, qui, à dire vrai, n’en fut pas même un véritable (38) ; ainsi, dans le même instant, tombe, frappe et disparaît la foudre. César ne proférait donc pas une parole vaine en disant : « qu’il avait vaincu l’ennemi avant de l’avoir vu (39). »

Tels furent ses succès contre les étrangers. Mais, en Afrique, il eut à livrer à ses concitoyens des

  1. Ville d’Égypte, située sur une des sept bouches du Nil, à laquelle elle donnait son nom.