Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/710

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tus Pompée, en réclamant les biens paternels, répand la terreur sur toutes les mers ; Octave, pour venger la mort de son père, remue une seconde fois la Thessalie ; Antoine, esprit inconstant, tantôt s’indignant de voir dans Octave le successeur de César, tantôt se ravalant jusqu’à la royauté par amour pour Cléopâtre, réduit Rome à ne pouvoir trouver de salut et d’asile que dans la servitude (52). Toutefois, dans de si grandes agitations, on eut à se féliciter de ce que la puissance suprême tombât de préférence entre les mains d’Octave César Auguste, qui, par sa sagesse et son habileté, rendit le repos et l’ordre au corps de l’Etat si violemment ébranlé de toutes parts. Jamais, il ne faut pas en douter, ses diverses parties n’auraient pu se rapprocher, ni retrouver leur ensemble, s’il n’eût été régi par la volonté d’un seul chef qui en fût comme l’âme et le génie.

Sous le consulat de Marc Antoine et de Publius Dolabella, la fortune transférant dès lors l’empire romain aux Césars, il y eut des troubles variés et nombreux dans l’Etat ; et, comme dans la révolution annuelle du ciel les mouvements des astres s’annoncent ordinairement par le tonnerre, et leurs changements par la tempête, ainsi dans cette révolution du gouvernement de Rome, c’est-à-dire du genre humain, l’Etat trembla jusque dans ses fondements, et toutes sortes de dangers, des guerres civiles, continentales et maritimes, agitèrent tout le corps de l’empire.

IV. — Guerre de Modène. — (An de Rome 710-711.) — Le testament de César fut la première cause de ces nouveaux troubles civils. Antoine, son second héritier (53), furieux de ce que Octave lui avait été préféré, entreprit une guerre à outrance pour combattre l’adoption de ce jeune et redoutable rival. Il ne voyait dans Octave qu’un adolescent de dix-huit ans, que cet âge, encore tendre, exposait et livrait à l’injustice, tandis qu’il se sentait lui-même fort du crédit attaché au titre de compagnon d’armes de César. Il commença donc à déchirer, par ses usurpations, la succession de César, à poursuivre Octave de ses outrages, à employer des artifices de tout genre pour empêcher son adoption dans la famille des Jules. Enfin, il prit ouvertement les armes pour accabler ce jeune adversaire ; et, avec une armée qu’il tenait toute prête, il assiégea, dans la Gaule cisalpine, Décimus Brutus, qui s’opposait à ses desseins.

Octave, à qui son âge, l’injustice dont il était l’objet, et la majesté du nom qu’il avait pris, conciliaient la faveur publique, rappela aux armes les vétérans, et, quoique simple citoyen, il osa (qui le croirait ?) attaquer un consul. Il délivra Brutus assiégé dans Modène ; il s’empara du camp d’Antoine. Et même, dans cette occasion, il se signala par sa valeur. On le vit, couvert de sang et de blessures, rapporter sur ses épaules, dans son camp, une aigle que lui avait remise un porte-enseigne mourant.

V. — Guerre de Pérouse. — (An de R. 712.) — Le partage des terres que César laissait aux vétérans pour prix de leurs services, excita une seconde guerre. Fulvie, cette femme d’un courage viril, ceignant l’épée comme un soldat, animait Antoine, son époux, dont le génie était toujours porté au mal. Il soulève les colons chassés de leurs terres, et prend de nouveau les armes.