Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/197

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peu connu[1]. J’apprends qu’ils emploient les prieres, les inſ‍tances & juſqu’à l’importunité, pour vous engager à ne rien décider en ſon abſence, & ſans avoir bien examiné le fond de cette af‍faire. Je vous en impoſe, diſent-ils ; il m’étoit libre de reſ‍ter dans mon Royaume ; m’a fuite n’eſ‍t qu’une feinte. Puiſſé-je voir celui dont les mains patricides m’ont mis en cet état af‍freux, réduit à feindre comme moi ! Puiſſiez-vous, vous ou les Dieux tout-puiſſants, veiller enf‍in à la vengeance des crimes ! Bientôt le ſcélérat, que ſes

  1. Amicitia parùm cognita, peut ſignif‍ier auſſi une amitié fondée ſur des motifs qui ne vous pas aſſez connus, des liaiſons dont vous n’êtes pas ſuf‍fiſamment inſ‍truits. J’aurois volontiers conſervé dans le françois l’ambiguïté du latin ; mais ne le pouvant pas, je me ſuis déterminé pour le premier ſens, comme étant plus conforme au caractere d’un Prince foible, qui cherche plutôt à toucher ſes ennemis qu’à les aigrir. On reconnoîtra facilement cette diſpoſition dans la Lettre qu’il écrivit quelque temps après au Sénat. Plura, dit-il, de Jugurthâ ſcribere dehortatur fortuna mea.—Je n’oſe m’expliquer davantage au ſujet de Jugurtha ; l’état de ma fortune m’en diſſuade. Ce diſcours a toute l’éloquence dont eſ‍t ſuſceptible un Orateur ingénieux, mais timide. Un pareil homme ne peut jamais faire une grande impreſſion ſur des Guerriers ambitieux ou avares, tels qu’étoient alors la plupart des Romains.