Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/32

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ſens. Or tout ce que nous avons de force ef‍t dans l’ame & dans le corps. La fonction de l’ame ef‍t de commander ; celle du corps doit être d’obéir. Celui-ci nous ef‍t commun avec les bêtes, l’autre avec les Dieux. Il me paroît donc ſelon l’ordre, de tâcher de nous illuf‍trer par les qualités de l’eſprit, plutôt que par celles du corps, & de nous procurer la renommée la plus durable dans la Pof‍térité, parce que la vie dont nous jouiſſons ef‍t courte, & que la gloire qui vient des richeſſes & de la beauté, ef‍t fragile & périſſable, au lieu que celle de la Vertu[1] ef‍t éclatante & immortelle. Cependant on a diſputé long-temps, ſi ce ſont les qualités de l’eſprit, ou celles du corps, qui contribuent le plus aux ſuccès militaires. Avant

  1. Par Virtus, Salluf‍te en cet endroit, & dans preſque tous les autres, entend toutes les qualités de l’ame, qui peuvent procurer de la gloire. J’ai mieux aimé me ſervir du mot de Vertu, (quoiqu’il n’ait pas tout-à-fait la même ſignif‍ication en François) que de recourir par-tout à une longue périphraſe.