l’entrepriſe, il faut de la réfl exion, &, après la réfl ection, de l’activité. Ainſi, également inſuff iſante les unes ſans les autres, elles tirent leur force de leur union.[1]
II. Les Rois, dont la puiſſance eft la premiere qui ſe ſoit établie ſur la terre[2], diviſés ſur ce point, s’appliquoient, les uns aux exercices de l’eſprit, les autres, à ceux du corps. On vivoit alors ſans ambition : chacun étoit content de ſon état. Mais quand Cyrus[3] dans l’Aſie, les Lacédémoniens & les Athéniens dans la Grece, eurent commencé à prendre des Villes, à ſubjuguer des Nations, à regarder des Nations, à regarder le deſir de dominer, comme un motif ſuff iſant pour prendre les armes, & à meſurer la grandeur de la gloire ſur la grandeur des conquêtes ;
- ↑ Alterum alteriûs auxilio veget. Je crois que c’eft ainſi qu’on doit lire. Veget eft un vieux mot dont on a formé vegetus.
- ↑ La premiere puiſſance fut vraiſemblablement l’autorité paternelle ; c’eft d’elle que la Puiſſance Royale tire ſa ſource.
- ↑ Le Monde avoit déja plus de trois mille ans, lorſque Cyrus commença à faire la guerre. Quand meme l’Hift oire ne nous apprendroit pas qu’il y avoit déja eu des Conquérants, qui pourroit, connoiſſant les hommes, croire ce que Salluft e nous en dit ? Etiam tùm vita hominum ſine cupiditate agitabatur ; ſua cuique ſatis placebat. Cela n’a pu être vrai que dans le ſiecle d’or.