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Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/321

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Quand on fut venu à l’endroit qu’on avoit marqué aux Numides, & qu’on y eut aſſis & fortif‍ié un camp, on dit qu’il tomba tout-à-coup une ſi grande quantité d’eau, qu’elle eût été plus que ſuf‍f‍iſante pour toute l’armée ; d’ailleurs les Numides, en Sujets qui ſervent un nouveau Maître, s’étoient piqués d’en apporter plus qu’on ne l’auroit eſpéré. Mais les Soldats ſe f‍irent un point de Religion de ſe ſervir plutôt de celle de pluie ; ils la regardoient comme une preuve du ſoin que les Dieux prenoient d’eux[1] ; ce qui augmenta beaucoup leur conf‍iance. Le lendemain notre armée, au grand étonnement de Jugurtha, arriva devant Thala. Les habitants avoient cru que l’ennemi ne pourroit jamais péné-

  1. Il y a quelquefois autant de vanité que de Religion, à ſe croire ainſi protégé plus ſpécialement de la Divinité ; il vaut cependant mieux uſer de ce foible des hommes, pour les porter au bien, que de riſquer d’ébranler leur Religion par des explications phyſiques données à contre-temps, & qui ſouvent ſont hors de leur portée.