Peuple Romain, qui paroîtroient mériter de paſſer à la poft érité ; d’autant plus, que dégagé de crainte & d’eſpérance, je m’étois détaché des factions qui diviſoient Rome. La Conjuration de Catilina, attentat unique par l’atrocité du crime, & par le danger où il jeta la République, me paroît un de ces fait mémorables. Je vais la raconter en peu de mots, le plus fi dellement que je pourrai. Avant que de commencer, traçons en raccourci le portrait de ſon Auteur.
V. Lucius Catilina étoit d’une naiſſance illuft re. Les forces de ſon corps répondoient à celles de ſon eſprit ; mais il étoit pervers & corrompu. Les guerres inteft ines, le meurtre, le pillage & les diſſentions eurent de l’attrait pour lui dès ſon enfance : il en fi t l’exerciſe de ſa jeuneſſe. On auroit peine à imaginer juſqu’à