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Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/41

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jour, par un ef‍fet des mauvaiſes qualités dont j’ai parlé, pouſſoient de plus en plus cet eſprit féroce vers l’exécution de ſes deſſeins. Il y étoit encore porté par la corruption des mœurs, que l’avarice & le luxe, vices également oppoſés & funef‍tes, avoient cauſée dans Rome. Comme la circonf‍tance m’engage à parler de cette dépravation, mon ſujet ſemble m’inviter de lui-même[1] à remonter plus haut, & à dire en peu de mots, quels principes ſuivoient nos Ancêtres, tant en paix qu’en guerre ; comment ils gouvernerent la République ; en quel état de grandeur ils la laiſſerent, & par quelle décadence inſenſible, un État où avoient régné l’honneur & la probité, ſe trouva livré à tous les excès de l’injuf‍tice & de l’infamie.

VI. Rome fut, dit-on, fondée & habitée d’abord par des Troyens, qui, fuyant de leur Patrie ſous

  1. On ne peut nier que cette digreſſion ne ſoit fort belle, du moins en latin. Mais que penſeroit-on d’un Hif‍torien, par exemple, de la ligne, qui ſe croiroit invité par ſon ſujet à nous peindre les mœurs des Gaulois ?