Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/42

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la conduite d’Enée, avoient été long-temps errants. Ils ſe joignirent aux Aborigenes, Peuple ruf‍tique, ſans loix, ſans Chefs, entiérement lîbre & indépendant. Quoique ces deux Nations euſſent une origine, une langue & des mœurs dif‍férentes, l’habitude de vivre dans une même enceinte, en f‍it très-promptement un ſeul & même corps. Les Citoyens ſe multiplierent, le domaine s’étendit, les mœurs ſe policerent ; mais ce bonheur naiſſant, comme il n’ef‍t que trop ordinaire, excita la jalouſie. Les Rois & les Peuples voiſins les attaquerent. La plupart de leurs amis, frappés de terreur, refuſoient de partager leurs dangers. Cependant les Romains veilloient à tout au dedans & au dehors. Actifs & prévoyants, ils s’encourageoient les uns les autres, marchoient contre leurs ennemis, & défendoient,