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Page:Salluste - Traduction de Jean-Henri Dotteville, 1775, 4e édition.djvu/58

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ſoient ſous lui l’apprentiſſage de toutes ſortes de crimes. Il les prêtoit pour ſervir de fauſſaires ou de rémoins ; il les inſtruiſoit à ne faire cas ni de la bonne foi, ni des dangers, ni de leurs établiſſements. Quand il leur avoit fait perdre tout honneur & toute honte, il leur ordonnoit des coups plus hardis. Si ſon intérêt ne lui fourniſſoit point de victimes, il leur en faiſoit immoler au haſard, de peur que leurs bras ne s’en gourdîſſent dans l’inaction ; ou plutôt, parce que ſa cruauté lui faiſoit commettre le crime par l’attrait du crime même[1]. Tels étoient les amis & les complices ſur leſquels ſe

  1. « Cette maniere, (diſent les Journaliſtes de Trévoux, p. 970) ne nous paroît pas toucher le vrai ſens de Salluſte, au moins dans le dernier membre de la phraſe, que la Traduction préſente comme trop iſolé, trop détaché de ce qui précede. Car la raiſon pour laquelle Catilina ordonnoit ces attentats, étoit bien le deſir d’entretenir l’ardeur & l’audace de ſes compagnons ; mais Salluſte exprime de plus le premier ef‍fet que ce deſir opéroit dans l’ame de Catilina ; c’étoit de le rendre méchant. & cruel à pure perte, c’eſt-à-dire, ſans qu’il gagnât rien à la mort des Citoyens victimes de ſa fureur. »—En liant ainſi ces deux idées, il me ſemble qu’on tombe dans une contradiction. Si ces aſſaſſinats ſervoient à enhardir les complices de Catilina, ils n’étoient plus à pure perte. Il me paroît que Salluſte exprime deux motifs ſéparés par la particule aut ; le Public en jugera.