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Page:Salomon Reinach, Sidonie ou le français sans peine, 1913.djvu/20

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muette, il a en vérité treize syllabes, mais la treizième ne compte pas :

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés . . .

De ces deux alexandrins d’une poésie célèbre de Lamartine (Le Lac), le premier se termine par une syllabe muette et se compose, par conséquent, de treize syllabes. Bien que les femmes ne passent pas pour être muettes, on appelle cela un vers à désinence féminine ; l’autre, de douze syllabes, est un vers à désinence masculine. Retenez bien cette distinction.

Tout vers français doit rimer avec un autre, qui peut le suivre immédiatement, ou venir à la suite d’un second vers, ou encore de deux vers rimant ensemble (p. 37). On dit que deux mots riment quand ils se terminent par le même son: matin et satin, rivage et sauvage. Les deux premières rimes sont dites masculines, les deux dernières sont des rimes féminines. Vous voyez que cela n’a rien à voir avec le genre des mots, dont je vous parlerai prochainement (p. 26).

Rimes masculines et rimes féminines doivent alterner. Après deux rimes masculines il faut deux rimes féminines, à moins qu’on ne croise les rimes, auquel cas la rime masculine et la rime féminine doivent se suivre immédiatement.