Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/101

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vait d’Asie plein de fureur contre Marius et contre la faction qui le soutenait, le sénat craignit l’effet de sa colère ; et pour empêcher qu’une lutte entre les chefs ne mît l’État en péril, il ordonna aux consuls de veiller à ce que la république ne reçût aucun dommage. Armés de ce décret, les consuls, pour s’opposer à Sylla, qui s’approchait respirant la perte de tous, réunirent tous les moyens de résistance, et choisirent des chefs habiles aux soins de qui l’on pût confier la direction de la guerre. De ce nombre fut Sertorius.

Les consuls s’avancent à la tête d’une armée très-forte ; et, contre l’avis de Sertorius, souffrent entre leurs soldats et ceux de Sylla des entretiens dont une défection générale devient la conséquence : l’armée entière passe sous les drapeaux de Sylla. Abandonné et dénué de troupes, Sertorius fuit en Étrurie la fureur de Sylla, et la vengeance terrible qu’il exercerait contre un ennemi vaincu. Cette province était fidèle aux partisans de Marius : elle leur devait le droit de cité romaine, dont jusqu’alors elle avait été privée. Craignant que Sylla, si ses adversaires succombaient, ne révoquât un bienfait d’un si haut prix, les Étrusques s’attachent sans réserve à Sertorius et aux autres chefs du même parti, promettant d’obéir aveuglément à tout ce qui leur serait ordonné. Ainsi se forme de nouveau une puissante armée de quarante cohortes. Elle comptait dans ses rangs un grand nombre de soldats qui s’étaient livrés à Sylla lors de son arrivée, et qui, frustrés du prix de leur défec-