Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/103

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tion, revenaient sous les chapeaux des chefs qu’ils avaient trahis.

À cette époque, Marins, pour la septième fois[1], et Carbon furent nommés consuls. Alors Sertorius, assuré de la prépondérance de son parti, vient à Rome, et accuse la lenteur générale. En citant les actions les plus brillantes de Sylla, il exalte le courage et l’activité de cet ennemi ; il déclare que si l’on ne se hâte de le prévenir, c’en est fait, son triomphe est certain.

En butte à des remontrances si vives, les consuls et les autres chefs du parti, soit pour éloigner un rival et un censeur trop véhément de leur négligence, soit pour contenir, par la présence d’un chef redoutable, une province remuante et dont ils craignaient la défection, envoient Sertorius dans l’Espagne citérieure, et le chargent de régler les affaires de la Gaule transalpine, à son passage dans cette province. Dès son arrivée, Sertorius prit tant d’ascendant sur l’esprit des alliés, déjà ébranlés et prêts à changer de parti ; il les attacha si fortement au sien et par ses caresses et par la sagesse de son gouvernement, qu’il fut bientôt universellement chéri et pourtant redouté.

Cependant Sylla et Marius avaient combattu sous les murs de Rome : Marius périt dans la bataille ; Carbon, entièrement défait, prit la fuite[2]. Après la ruine complète du parti qu’il avait embrassé, Sertorius crut prudent de ne point licencier ses troupes, et de ne point se livrer désarmé aux supplices que lui destinait le vainqueur. Rassemblant sous ses dra-

  1. Voyez la note de la p. 84.
  2. Voyez la note de la p. 84.