Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/179

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recouvrer, nous feraient admirer sans doute le défenseur dans les causes civiles et criminelles, l’accusateur, le magistrat, l’homme d’État : mais les discours que nous possédons nous ont déjà montré l’orateur romain excellant tour à tour dans chacun de ces personnages. Le discours in Togâ candidâ serait unique en son genre : il offrirait le modèle de l’attaque et de la défense dans la guerre que les candidats se faisaient souvent entre eux.

Cette attaque et cette défense publiques sont bien éloignées de nos mœurs ; nous n’y voyons guère que des déclamations injurieuses que devrait punir un combat singulier ou une plainte en justice. Raisonnons toutefois : cette méthode de disputer une place, en établissant hautement que l’on est plus digne que ses compétiteurs, laisse à ceux-ci la faculté de réfuter les reproches qu’on leur adresse et de combattre les droits qu’on leur oppose. Qu’y peut-on substituer parmi nous ? l’accusation secrète, réservée, autant que possible, pour le dernier moment, qui n’admet point de réponse de la part de l’accusé, et égale ainsi, par la même impuissance, la vérité et le mensonge ! L’homme qui agit par le motif le plus pur, pour écarter d’une place à laquelle lui-même ne prétend pas, un sujet indigne ; cet homme peut-être ne choisira point une autre arme, et ne la maniera pas avec