Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/75

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paix, ne supporte le travail que dans l’espoir du repos. Si tu ne rends la paix inébranlable, qu’importe d’avoir été vainqueurs ou vaincus. Au nom des dieux, César, prends soin de la république, et surmonte toutes les difficultés avec ta vigueur accoutumée. Tu peux remédier à nos maux , ou personne ne doit l’entreprendre. Nous ne te demandons point des condamnations sévères, des supplices cruels, qui dévastent la cité plutôt qu’ils ne la corrigent : nous te conjurons d’arracher la jeunesse à des goûts dépravés, à des occupations pernicieuses[1]. La véritable clémence consiste à empêcher que les citoyens ne s’exposent témérairement à l’exil ; à les écarter du dérèglement et des plaisirs trompeurs ; à rendre stables la paix et la concorde ; et non pas à condescendre aux actions honteuses, à tolérer les crimes, à laisser acheter la satisfaction du moment au prix d’un désastre prochain.

Mon esprit se rassure, je l’avoue, par cela même qui effraye les autres, par la grandeur de la tâche qui t’est imposée, et parce que ton génie, trop sublime pour descendre à de minces détails, doit tout régler à la fois, et sur la terre et sur les mers : d’une si vaste entreprise, le prix sera immense.

Corrompu jusqu’ici par les largesses et les distributions de blé, que le peuple se livre désormais à des occupations qui l’empêchent de travailler à la

  1. Il ne s’agit plus ici d’exils arbitraires, ni d’abus de pouvoir, mais des maux qu’entraîne l’amour désordonné des richesses. La leçon généralement reçue, ne immerito, etc., ne se lie donc ni à ce qui précède, ni à ce qui suit. J’ai cru pouvoir lire, avec Ursinus, ne merito cives, etc., « Empêcher que les citoyens ne se trouvent, par leur pauvreté ou par leurs crimes, forcés de s’exiler de leur patrie. »