Aller au contenu

Page:Salverte - Essais de traductions, Didot, 1838.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ruine de l’État ; qu’aux richesses et aux profusions, la jeunesse préfère l’exercice de la vertu et des talents : voilà le but que tu dois atteindre ; et tu y parviendras, si la plus forte cause de la ruine de tous, l’or, perd le prix et l’estime qui y sont attachés.

Ayant souvent recherché par quelles voies sont arrivés à la gloire les hommes les plus illustres, quel principe a, par la bravoure des héros, agrandi les peuples et les nations, quelles causes enfin ont entraîné la chute des royaumes et des empires les plus vastes, j’ai retrouvé constamment les mêmes maux et les mêmes biens, l’amour des richesses chez les vaincus, et leur mépris chez les vainqueurs. J’ai vu que l’homme, pour s’élever, et quoique mortel, approcher des dieux, doit négliger l’opulence et les plaisirs du corps, ne s’occuper que de son esprit, non pour lui faire goûter une satisfaction pernicieuse en caressant ses passions et obéissant à ses désirs, mais pour le former au travail, à la patience, aux instructions saines, aux actions courageuses. Car élever un palais ou une maison de campagne, l’orner de statues, de tapis et de mille autres décorations, faire que, chez soi, tout soit à voir plutôt que soi-même, c’est déshonorer la richesse, et non s’en faire honneur.

Quant à ces hommes accoutumés à se gorger de nourriture deux fois par jour, et à ne trouver le sommeil que dans les bras d’une concubine, lorsqu’ils ont avili dans l’esclavage des sens leur âme faite pour commander, vainement ensuite veulent-ils