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Page:Samain - Œuvres, t1, 1921.djvu/256

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au jardin de l'infante


la mort

Un nuage d’amour roule à travers la chambre.
Les fleurs dans les cristaux s’ouvrent à larges plis.
Plus fine que l’acier, plus subtile que l’ambre,
Ma voix glisse et pénètre aux plus secrets replis.

l’amant

Entre toutes les nuits, ma nuit est magnifique.
Va-t’en, je ne veux pas t’appartenir ce soir.
Va-t’en, car ton regard tenace et maléfique
M’attire et me retient comme un sombre miroir.

la mort

Dis, lorsque tu collais tes lèvres à sa bouche,
Dis, n’as-tu pas vécu parfois, dans un moment,
L’infini d’une angoisse éperdue et farouche ?…
C’est qu’alors tu baisais ma bouche, ô mon amant.

l’amant

Oui parfois j’ai goûté des baisers de vertige
Plus puissants que la plus délirante liqueur