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au jardin de l'infante


Et j’ai senti dans l’ombre, ainsi qu’un noir prodige,
Des doigts mystérieux qui détachaient mon cœur.



LA MORT


C’était moi, moi, te dis-je, à travers l’étendue,
À travers le mirage éclatant du plaisir,
Tu cherchais dans mes yeux la grande nuit perdue,
Viens, je suis la Mort douce, et l’amante attendue,
Et je te verserai, sous mes larges pavots,
Bercé hors de la vie, et de l’être, et des âges,
Au bruit des mers sans fin battant mes noirs rivages,
Loin du mal et des pleurs, du doute et des sanglots.
Le silence et l’oubli dans l’éternel repos.


Mars 1892.